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gaz d’éclairage quand la température continue de monter, et finalement ils laissent comme résidu un charbon pur qui est le coke. Dans un coup de feu, chaque grain de poussière de houille ayant été chauffé a dû se ramollir et dégager des gaz ; ceux-ci ont dû se brûler, et, comme il n’y a généralement pas assez d’oxygène, ils ont laissé des grains d’un coke imparfait, encore chaud et mou, qui s’est agglutiné en tombant sur les parois. L’analyse chimique a confirmé l’explication en montrant que la croûte déposée n’est plus de la houille et qu’elle a perdu une portion des composés volatils qu’elle contenait. Cette portion est variable ; elle a été trouvée égale au quart de la totalité par M. Vital, comprise entre un quart et un sixième par M. Chanselle, égale à la moitié par M. Villiers, et il devait en être ainsi, car les quantités de poussières et de grisou qui se réunissent pour déterminer le coup de feu sont variables. En prenant une moyenne et en traduisant ces résultats, on arrive à trouver que chaque kilogramme de poussière a développé 84 litres de gaz, lesquels, mêlés à dix fois leur volume d’air, forment 840 litres de mélange explosif. Enfin, si on multiplie ces nombres par la somme des kilogrammes de coke déposés, on demeure effrayé du résultat. Pour ne citer qu’un exemple, on trouve qu’à Saint-Étienne, dans l’un des derniers coups de feu, les poussières ont répandu dans les galeries de la mine quatorze cents mètres cubes de gaz explosif qui ont dû se doubler par l’élévation de température et qui ont laissé un volume égal d’acide carbonique : les hommes échappés au feu étaient dévoués à l’asphyxie.

On s’est beaucoup occupé de savoir si les poussières seules pouvaient s’enflammer et donner naissance à des explosions, ou s’il est nécessaire qu’elles soient mêlées à une certaine quantité de grisou qui agirait comme le fait une amorce. M. Galloway a institué des expériences dans lesquelles un air poussiéreux passait au-dessus d’une lampe à feu nu. Jamais il ne s’est enflammé, seulement il rougissait la flamme ; mais cet air détone quand il contient seulement 9 millièmes de grisou. Or aucun procédé ne permet de constater dans les mines l’existence d’une aussi faible quantité de grisou ; les lampes ne commencent à marquer que si la richesse s’élève à 3 ou 4 centièmes. M. Galloway conclut donc que le grisou en faible proportion est nécessaire pour enflammer et que les poussières ne font qu’exagérer le danger sans le faire naître.

Il y a cependant des cas particuliers et très spéciaux où le grisou n’est pas nécessaire ; nous aurons l’occasion d’y revenir. Voici d’abord des expériences de laboratoire. M. Vital dirige une flamme de gaz d’éclairage mêlé de poussière de charbon dans un tube de verre horizontal destiné à figurer une galerie de mine. Quand ce