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espaces déhouillés les fragmens de roche, les déblais, les déchets, tout ce qui n’est pas le charbon pur. Ces tassemens imparfaits laissent dans les anciens travaux des vides immenses qui grandissent chaque jour et qu’on a cherché à évaluer. D’après M. Soulary, ils seraient de 50,000 mètres cubes pour une mine de 10 hectares dans une couche de houille de 3 mètres d’épaisseur. En épuisant une mine anglaise envahie par l’eau, on est arrivé à dire que le vide est environ égal au sixième du charbon sorti ; enfin M. Dombre estime qu’il est compris entre le tiers et le cinquième, et qu’une mine tirant annuellement 100,000 tonnes laisse un espace inoccupé de 12 à 20,000 mètres cubes. N’insistons pas sur ces évaluations, qui ne peuvent être les mêmes dans les divers cas ; contentons-nous de dire que le vide est très considérable et tirons-en cette conclusion, que toute diminution de pression et toute augmentation de température en fera sortir l’air, que tout effet contraire l’y fera rentrer, et que, si cet air est chargé de grisou, les dangers seront accrus toutes les fois que le baromètre baissera.

L’expérience semble confirmer ces raisonnemens. G. Stephenson a observé un soufflard qui fonctionnait quand la pression était basse et qui se renversait quand elle était élevée. M. Galloway, inspecteur des mines en Angleterre, après un résumé d’observations exécutées dans trente-cinq mines du Royaume-Uni, admet qu’il y a un rapport de concomitance entre la présence du grisou et l’abaissement de la pression ; enfin M. Sauvage affirme que trois fois sur quatre, quand le grisou est signalé, il y a baisse barométrique ; ajoutons qu’il n’y a guère de vieux mineurs qui aient du doute sur l’influence de la pression. A la vérité, elle est niée par des ingénieurs émérites, entre autres par M. Lechatelier, qui attribue aux variations de température ce qu’on croyait de voir rapporter aux effets de la pression.

En présence de ces dénégations, la commission du grisou croit de voir ajourner son jugement, tout en affirmant que, dans le cas où cette influence se ferait sentir, elle ne paraît pas modifier d’une manière sensible les conditions de sécurité des mines à grisou.


II

Il faut maintenant reprendre et compléter l’étude du grisou. Ce gaz possède une propriété que j’ai intentionnellement passée sous silence, afin de l’étudier plus à loisir. Composé, comme le gaz d’éclairage, d’hydrogène et de charbon, il est combustible, et si on l’a versé dans l’atmosphère en un jet continu par un bec préalablement allumé, il se combine avec l’oxygène de l’air et se consume.avec une flamme tranquille et éclairante ; son hydrogène forme de