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démontré. Il peut d’ailleurs y être quelquefois associé à des carbures volatils.

Cette pression va se manifester par les effets les plus curieux. Il y a dans les mines des cavités naturelles fermées de toute part ; on les trouve souvent sous le toit des veines de charbon, où elles résultent des affaissemens de la masse ; ce sont autant de réservoirs, autant de sacs à grisou, et lorsque le progrès des travaux vient à les atteindre, ils laissent échapper brusquement leur contenu et remplissent la mine d’un air méphitique.

Il n’est même pas nécessaire qu’il y ait un vide ; il suffit que les murailles rocheuses soient perméables et qu’elles aient été saturées ; aussitôt qu’on les met à découvert, elles abandonnent leur gaz. On cite un exemple de ce genre dans la houillère de Strafford-main, où un abondant dégagement, venu du mur, éteignit toutes les lampes ; il fallut six heures pour assainir la mine.

Originairement les dépôts charbonneux étaient horizontaux et continus ; ils sont aujourd’hui inclinés et disloqués. La terre, en effet, qui d’abord était une masse fondue, s’est recouverte progressivement d’une croûte solide. Aujourd’hui encore, son centre est en feu, et la croûte n’a guère plus de 10 lieues d’épaisseur, et comme elle continue de se refroidir et que son volume total décroît, la croûte, devenue trop large, se casse en larges dalles qui s’affaissent ; les couches s’inclinent irrégulièrement et inégalement, elles sont séparées par des fentes aux deux faces desquelles elles ne se correspondent plus. La houille se présente ainsi en bancs inclinés, et qui sont tout à coup interrompus ; mais on en retrouve la suite un peu plus haut ou un peu plus bas en continuant les travaux. Ces fentes, accompagnées de ces dénivellations, se nomment des failles. On comprend qu’elles peuvent être incomplètement fermées, remplies de grisou, et qu’il s’échappera si on lui ouvre une issue. C’est en effet ce qui arrive fréquemment ; il sort avec bruit comme un vent, — plus ou moins vif, — et c’est ce qu’on nomme un soufflard.

Il y en a de toutes les grandeurs : quelques-uns sont temporaires, très violens, mais presque instantanés ; d’autres durent très longtemps, quelques-uns paraissent de voir durer toujours ; cela dépend évidemment de l’étendue des failles et de la grandeur des issues. Il y en avait un à Wellesviller qui a soufflé pendant cinquante ans. Quelquefois ils s’échappent à travers l’eau en bulles nombreuses et bruyantes. On en connaît un exemple dans le lit de la Susquehanna, au-dessus d’une mine d’anthracite. Combes en a cité un autre dans la mine de Firminy ; il s’échappait à travers une colonne d’eau de 12 mètres, ce qui prouve une fois de plus la grande pression qui le chasse de la nouille.