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fait une tentative pour déterminer, par des moyens photométriques, la luminosité relative des différentes régions du spectre donné par le prisme, et il a trouvé celle du jaune orangé égale à 7890, tandis que celle du vert bleu descend à 1100 et celle du violet à 13. De son côté, M. Rood a cherché à déterminer l’étendue des espaces que les différentes couleurs occupent dans le spectre, et en multipliant cette étendue par l’intensité correspondante, il a obtenu des nombres qui représentent assez bien les proportions des diverses lumières colorées qui composent le faisceau blanc : il a trouvé, par exemple, que, pour 1000 parties de lumière solaire blanche, il y a 54 parties de rouge, 140 de rouge orangé, 80 d’orangé, 114 de jaune orangé, 54 de jaune, etc. et Les peintres, dit M. Rood, ont l’habitude de diviser les couleurs eu couleurs chaudes et couleurs froides. Si nous traçons la ligne de séparation de manière à comprendre parmi les couleurs chaudes le vert jaunâtre, nous trouverons que la luminosité totale des couleurs chaudes contenues dans la lumière blanche est un peu plus de 3 fois celle des couleurs froides. Si nous excluons le vert jaunâtre de la liste des couleurs chaudes, le rapport de luminosité ne sera plus que 2 environ. »

C’est à ces couleurs spectrales qu’il faut toujours comparer les couleurs naturelles dont on veut déterminer la teinte ; c’est leur mélange, opéré par la superposition des images sur la rétine, qui nous fait connaître les effets véritables de la combinaison de deux couleurs. On constate alors que toute couleur a sa teinte complémentaire avec laquelle elle donne le blanc. C’est ainsi que la superposition directe du jaune et du bleu donne du blanc ou du moins un gris très clair. On reproduit les mêmes phénomènes au moyen de disques tournant à secteurs diversement colorés. Tout autres sont les effets du mélange des matières colorantes, tel que l’opère le peintre sur sa palette. Ici le jaune et le bleu donnent du vert. C’est que les couleurs des pigmens et en général les couleurs des objets que l’on rencontre dans la nature sont des couleurs d’absorption. La gomme-gutte, par exemple, paraît jaune parce qu’elle absorbe le bleu et le violet qui existent dans la lumière blanche ; en l’associant à une substance bleue qui absorbe le rouge et l’orangé, on élimine du spectre à peu prés toutes les teintes, hormis le vert ; et voilà pourquoi cette couleur s’obtient en mêlant un pigment jaune à un pigment bleu. Ce tamisage des rayons par voie d’absorption et de réflexion suffit à rendre compte des phénomènes si divers et souvent si bizarres que nous offrent les objets colorés. Lorsqu’il s’agit, par exemple, d’un tissu de soie ou de laine, la lumière qu’il envoie à l’œil provient de réflexion à la surface de fibres ; mais avant de s’y refléchir, une partie a traversé les fibres teintées et s’est ainsi colorée elle-même. Le pouvoir réflecteur des fibres textiles joue dans ces effets un rôle important. Il est facile de constater que le lustre naturel de la soie est bien