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un système défensif contre les Indiens. En même temps, la Pique allait à Jonuta voir dans quelle position était le colonel Traconis et où les canons seraient le mieux placés pour défendre la ville au cas où les libéraux reviendraient. On parlait en effet de la prochaine arrivée de quatre cents hommes sous un chef du Chiapas. Ces mesures prises, le commandant insista de nouveau auprès du général Castillo à Mérida et du commissaire impérial du Yucatan. Il leur rappelait l’échec de Pratz, par suite duquel il était difficile de trouver de meilleures circonstances pour aller à San-Juan-Bautista. Les eaux étaient suffisamment hautes, les pluies n’étaient pas encore trop abondantes et l’ennemi découragé. Ce serait fait en en quinze jours.

Eût-il réussi à les entraîner ? Peut-être. Mais, à ce moment, arriva tout à coup une lettre du ministre de la guerre Péza, qui intimait au général Castillo l’ordre de ne pas s’occuper du Tabasco, sous le prétexte qu’une autre expédition se préparait. Laquelle ? On affectait d’avoir entendu dire que le commandant Cloué était parti pour le Tabasco et qu’il n’y avait pas lieu, par conséquent, de disposer pour cet objet des forces du Yucatan. Dès cet instant, il n’y avait plus, pour la division française, que les maladies menaçaient, qu’à s’en aller, et c’était ce qu’elle allait faire.

Pourquoi cette lettre du ministre Péza ? Il était impossible de ne pas concevoir les plus graves soupçons. Ce n’était pas la première fois qu’on pouvait remarquer de quelles hautes influences s’appuyaient à Mexico les gens de Tabasco. Grâce à ces influences qu’ils sollicitaient ou dont ils acceptaient le concours, le Tabasco restait comme une véritable plaie à notre côté et servait aux dissidens en général de redoutable point d’appui pour paralyser une partie de nos forces. Cette lettre du ministre Péza n’était point la seule étrange chose qui se passât alors. Au centre de l’empire, la Huesteca et le Tamaulipas étaient le théâtre de faits au moins aussi incompréhensibles. On sait qu’à la suite des événemens de Matamoros, un certain calme s’était rétabli. Tampico était tranquille, quoique redoutant une marche de Negrete sur Victoria et Tancasnequi. On n’était pas d’ailleurs inquiet de Tampico même, très facile à défendre. Mais à Tuspan, déjà très misérable, il régnait une fermentation extrême. Sous la république, un décret avait ouvert le port de Tuspan, en s’appuyant sur ce que cette mesure était réclamée par des pétitions représentant 1 million d’habitans. Or une simple circulaire, signée Campillo, venait de fermer le port, sans un mois ni six mois de délai, tout de suite, en signifiant aux consuls étrangers de ne plus rien expédier pour Tuspan. Tuspan étant le meilleur mouillage de la côte, la fermeture du port ne pouvait être que le résultat d’une intrigue ou de secrets desseins. Papantla, qui parlait de se