Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 43.djvu/331

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Doubs en 1815. Il avait fait partie, en qualité de secrétaire de la chambre des représentai, de la réunion d’état convoquée par Fouché pour délibérer précisément sur la question de savoir si l’armée française devrait se porter en avant pour arrêter la marche des alliés sur Paris. Mme de Blocqueville ayant entendu dire que ce respectable vieillard professait pour le patriotisme du prince d’Eckmühl en 1815 une admiration qui datait précisément de cette fameuse séance, désira être mise en rapports avec lui. Le résultat de ces rapports fut la note suivante, qu’il rédigea sur l’invitation de la fille de Davout et qu’il lui remit à la condition qu’elle ne serait pas publiée de son vivant. Nous donnons cette note malgré son étendue, d’abord à cause de son importance, ensuite parce qu’elle est le document même dont M. Thiers s’est servi pour le récit de cette scène dans son dernier volume de l’Histoire de l’empire, Il est évident, en effet, ou bien que cette note lui a été communiquée, ou bien qu’une note à peu près identique a été rédigée pour lui par le même M. Clément, ainsi que pourront s’en convaincre tous ceux qui, après l’avoir lue, auront la curiosité de la comparer au récit de l’historien.


Après le désastre de Waterloo, les armées anglaises et prussiennes, sous le commandement de Wellington et de Blücher, se dirigeaient sur Paris.

L’armée française, campée à la Villette et commandée par le maréchal prince d’Eckmühl, ministre de la guerre, demandait à marcher à l’ennemi et à lui livrer bataille. Elle avait exprimé ce vœu dans les adresses envoyées aux deux chambres et au gouvernement provisoire.

Dans ces circonstances, le duc d’Otrante, président du gouvernement, crut devoir convoquer les bureaux des, deux chambres pour les consulter sur la question de savoir si notre armée se porterait à la rencontre de l’ennemi et lui livrerait bataille.

La réunion eut lieu au palais des Tuileries, où siégeait le gouvernement provisoire. Elle était composée des cinq membres du gouvernement, savoir :

Le duc d’Otrante, président ;

MM. Carnot, Caulaincourt, duc de Vicence, comte Grenier et Quinette ;

M. Berlier, secrétaire ;

Des bureaux des deux chambres ;

Du maréchal prince d’Eckmühl, ministre de la guerre et commandant en chef de l’armée de Paris ;

Du maréchal prince d’Essling, commandant les gardes nationales de la Seine.

Le ministre de la guerre s’était fait accompagner des généraux Decaux et Évain, chargés des services de l’artillerie et du génie,