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San-Juan-Bautista, Minatitlan, Tlacotalpam, ni y faire parvenir aucun journal, aucune lettre. Le côté tristement curieux de notre situation dans cette partie du Mexique était que toutes les facilités fussent pour nos adversaires et toutes les difficultés pour nous.

Comme on ne voulait pas faire la guerre au Tabasco, il n’y avait que le blocus à rétablir pour le priver de ses ressources, mais là encore, le vice de l’état de choses se faisait sentir. On ne voulait pas du blocus officiel qui, éveillant les susceptibilités des neutres nous eût suscité des difficultés avec eux. La question était de bloquer sans déclaration de blocus, sans avouer que l’on bloquât, de fermer les communications des libéraux avec les neutres sans que ceux-ci eussent le droit de se plaindre à leur gouvernement. Les instructions venues de Mexico étaient aussi vagues dans la forme que difficiles à exécuter, mais il était difficile qu’on offrît, au sujet du Tabasco, une voie d’action quelconque au commandant Cloué sans qu’il en profitât. Il prit aussitôt des mesures pour fermer tous les ports et l’entrée de rivières entre Vera-Cruz et la lagune de Terminos.

Nous avons dit quelles étaient ces rivières, et par quels arroyos elles communiquaient entre elles dans l’intérieur des terres.. Le bateau à vapeur, le Conservador, que M. Salazar avait cédé à la marine, dut être employé à la Frontera et avoir à bord l’administration de la douane. Il devait être annoncé que la douane de Tabasco serait désormais à la Frontera. La canonnière la Tourmente avait à veiller sur le Conservador et à sortir de temps en temps pour aller aux bouches du Chillepeque et à Los Bocas. Comme allège et magasin de vivres, une bonne canonnière à vapeur devait naviguer entre Carmen et Tabasco, et une autre, qui était une ancienne chaloupe de vaisseau, la Louise, devait être armée par nous et aller par l’intérieur de la lagune de Terminos dans tous les arroyos et jusqu’à San-Juan-Bautista. Ce petit vapeur était la véritable annexe du bâtiment en station à Carmen. Une canonnière devait garder l’entrée du Goazocoalcos sans trop y séjourner à cause de la mauvaise saison qui s’approchait, et la Sainte-Barbe avait à s’occuper du blocus d’Alvarado. Ces diverses canonnières, sentinelles avancées du blocus, avaient, à l’égard des bâtimens de commerce une double consigne à faire observer. On arrêtait purement et simplement les navires mexicains. D’ailleurs un décret impérial interviendrait pour défendre à tous les ports de l’empire et vu les opérations de guerre que cela pourrait gêner, d’expédier aucun bâtiment mexicain pour les points compris entre Carmen et Alvarado. Quant aux étrangers, le même décret recommandait de ne les expédier que s’ils insistaient et en les prévenant alors que ce serait à leurs risques et