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de lui le Conservador, que le Brandon venait de réparer et qui était destiné à naviguer sur la côte de Sisal et dans l’est de la péninsule jusqu’à la baie de la Concepcion. Il devait, au moment de la guerre des Indiens, porter des troupes à la baie de la Concepcion pour prendre l’ennemi à revers, et, comme ses chaudières n’étaient plus réparables, il courait le danger de se perdre dans cette navigation trop hasardeuse pour lui. De plus ses troupes, arrivées à la baie, si elles se composaient d’Européens, devaient être dans la plus complète impossibilité d’aller dans la ville indienne de Chan-Santa-Cruz, à cause de l’absence absolue de chemins. On voit par là quelle irréflexion présidait à tous les actes de l’autorité mexicaine. Le commandant promit au besoin un navire convenable pour le transport des troupes et obtint le Conservador, qui n’était réellement bon qu’à naviguer en rivière, mais devait y rendre des services.

Pour les hommes, il eût été aussi plus expéditif de disposer du corps tout prêt de Galvez, qui, au lieu d’aller à Campêche, fût allé tout de suite au Tabasco. Il n’y eût plus eu de levée d’hommes. San-Juan Bautista une fois pris, le corps de Galvez l’eût gardé, ce qui nous eût permis de retirer tout de suite nos troupes de ces parages assez malsains. Les zouaves et les marins auraient pris la ville, Galvez l’eût occupée jusqu’à ce que le pays fût suffisamment reconstitué, et alors on eût porté Galvez au Yucatan, sa destination première. Malheureusement on était déjà à la mi-janvier 1865, et il n’arrivait pas plus de réponse à cette proposition qu’à la première. On ne savait plus quand viendraient les zouaves, attendu que les affaires de guerre, sans donner de grandes inquiétudes, se compliquaient de la résistance que l’on prévoyait à Oajaca. Le 2e zouaves était, en outre, la seule garnison de Mexico et ne pouvait quitter cette capitale sans être remplacé par le 81e de ligne, arrivant de Jalisco, et que le général Douai, qui en avait grand besoin, ne voulait pas lâcher.

Cependant le maréchal était arrivé devant Oacaja et avait trouvé une véritable place forte dont il fallait faire le siège. La ville était enveloppée par nos troupes, et on attendait dans huit ou neuf jours le reste du matériel pour commencer l’attaque. Le maréchal prévenait le commandant en lui envoyant une dépêche roulée en cigarette, ce qui prouvait que le courrier devait traverser un pays couvert d’ennemis. En effet, encouragée par la résistance d’Oajaca, l’hostilité qu’on nous témoignait sourdement de toutes parts allait se traduire en résultats sensibles. Un accident malheureux en précipita l’éclat. Ce fut l’affaire du commandant du Lucifer. Le capitaine de frégate Gazielle s’avançait de Guaymas sur Hermosillo, du côté de l’Océan-Pacifique, avec soixante tirailleurs algériens,