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LES ANESTHESIQUES

L'ETHER, LE CHOROFORME, LE PROTOXYDE D'AZOTE

I. Leçons sur les anesthésiques et sur l’asphyxie, par Cl. Bernard ; Paris, 1875. — II. De l’Emploi de l’éther sulfurique et du chloroforme, par E. Simonin ; 1879. — III. Traité d’anesthésie chirurgicale, par J.-B. Rottenstein ; Paris, 1880. — IV. Des Contre-indications à l’anesthésie chirurgicale, par M. Duret ; 1880.

Le 27 octobre 1846, deux citoyens de Boston, Morton, dentiste, et Jackson, professeur de chimie, prenaient un brevet d’invention d’une espèce bien rare. Les deux associés entendaient se réserver l’exploitation du léthéon, sorte de composition qui rendait l’homme et les animaux à la fois insensibles à la douleur et inertes pendant les opérations chirurgicales. L’anesthésie était découverte. La pratique nouvelle ne resta pas entre les mains de ceux qui s’en attribuaient le monopole ; elle se répandit très rapidement, et en moins de deux années elle était devenue d’un usage commun dans tous les pays. Des malades avaient subi les plus graves mutilations sans en avoir conscience et sans en conserver le moindre souvenir ; des chirurgiens avaient pu procéder avec une extrême facilité a des opérations que ne troublaient plus les mouvemens du patient ou ses cris de douleur. Il n’en allait pas davantage ; et l’anesthésie, tout empirique qu’elle fût encore, fut universellement adoptée.

Dans les trente années qui se sont écoulées depuis ces débuts, la science est venue compléter l’œuvre de l’empirisme. On a pu mesurer les inconvéniens et les dangers des premiers agens anesthésiques, l’éther et le chloroforme : on a précisé les circonstances qui devaient s’opposer à leur emploi. Les physiologistes ont donné