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doit présenter, pendant une demi-heure chaque fois, tous les commentaires historiques, archéologiques, littéraires auxquels ces passages peuvent donner lieu.

Cette excellente épreuve, introduite dans le concours d’agrégation d’histoire depuis 1860, donne au futur historien le conseil de travailler d’après les documens originaux, soigneusement étudiés et comparés, et au futur professeur cet autre conseil, de ne pas séparer l’enseignement historique de l’enseignement littéraire, le plus apte certainement à ouvrir et à diriger les jeunes esprits.

Mais l’épreuve la plus importante, celle qui, bien dirigée, doit satisfaire les candidats désireux de s’élever à l’enseignement supérieur et à la science, et intéresser avec grand profit ceux qui ne sortiront pas de l’enseignement secondaire, est assurément celle des thèses. Huit mois à l’avance, en même temps que les textes, des thèses ont été proposées. Lors du concours, chaque candidat admissible doit faire une leçon publique d’une heure environ sur un sujet tiré au sort depuis vingt-quatre heures et découpé dans ces thèses. Il s’agit de constater, mieux encore que par l’explication des textes, si les candidats sont capables de recherches spéciales et d’études personnelles. C’est pour eux l’occasion de donner, après une longue préparation à l’abri de toute surprise, la vraie mesure de leur intelligence et de leur aptitude. On leur demande d’étudier ces thèses avec le secours des documens originaux et non pas d’après les livres de seconde main, de faire preuve de quelque indépendance de travail et de jugement. C’est cependant ici que l’application du programme devient 1res délicate ; nous le montrerons par des exemples. Voici quelques-unes des thèses jadis désignées. Les six premières composaient le programme du concours de 1831, le plus ancien de tous ; il était signé : Villemain, Cousin, Montalivet.


Comment se renouvelait et quelles attributions avait le sénat romain aux diverses époques de la république et dans le premier siècle de l’empire ? — Quelles étaient les limites, les villes principales, les mœurs et la civilisation de la province romaine d’Afrique au IVe siècle de notre ère ? — Quelles lumières peut-on tirer, pour l’histoire, du Panégyrique de Théodoric par Ennodius ? — Quelles étaient les grandes divisions territoriales, les villes principales et la constitution politique de l’Allemagne au XIe siècle ? — Quelle est l’origine et quels ont été à différentes époques les divers sens des mots guelfe et gibelin ? — Quels ont été les établissemens des Portugais dans les Indes au XVe siècle ? Faire connaître particulièrement le génie et les actions d’Alphonse d’Albuquerque.

Le programme de 1832 donnait huit thèses, parmi lesquelles d’aussi importans sujets que ceux-ci :