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que les communes avaient apportées à la rédaction première, et une question qui avait soulevé d’ardentes controverses entre le clergé des diverses communions et qui absorbait à chaque session un certain nombre de séances se trouva définitivement résolue.

Dans l’espoir d’acquérir quelque popularité en Irlande, le ministère s’était décidé à demander au parlement de nouveaux pouvoirs et de nouvelles ressources pour venir en aide aux populations des comtés où la détresse se faisait sentir avec plus de rigueur. Il proposait d’étendre le cercle des entreprises d’utilité publique, pour lesquelles il serait autorisé à avancer des fonds aux propriétaires et aux associations syndicales, à un taux des plus modiques ; il demandait en même temps la faculté de joindre des secours en argent aux secours en nature. Les fonds nécessaires devaient être prélevés sur les sommes disponibles, provenant de l’ancienne dotation de l’église anglicane d’Irlande. Il semblait qu’une mesure de ce genre ne dût rencontrer aucune objection, au moins de la part des députés irlandais. C’est de là, cependant, que vinrent les difficultés. Les uns taxèrent la mesure d’insuffisante ; les autres élevèrent la prétention de faire supporter la dépense par le trésor impérial, c’est-à-dire par le budget, afin de ne pas épuiser un fond qui était comme une dotation propre à l’Irlande : tous reprochaient au gouvernement de recourir à de vains palliatifs afin de se soustraire au seul remède qui pût guérir les plaies de l’Irlande la restitution de son indépendance législative. Enfin, les députés qui appartenaient à la Ligue foncière (Land League), association qui s’organisait pour remettre en question la législation de 1870 et le régime de la propriété foncière, s’accordaient à prétendre que les agissemens des propriétaires étaient une cause permanente d’agitation et de souffrance pour la population agricole, et que la mesure la plus urgente était de préparer l’expropriation des détenteurs du sol. M. O’Connor Power présenta un bill à l’effet de restreindre dans d’étroites limites, sinon de supprimer complètement le droit reconnu aux propriétaires par le bill de 1870, de donner congé aux tenanciers qui ne payaient pas leur fermage. Le secrétaire pour l’Irlande, M. Forster, combattit le bill de M. O’Connor Power, dont il ne fut plus question après ce premier débat ; mais il crut ouvrir la voie à la conciliation, en annonçant que, lors de la discussion des articles, il introduirait dans le bill du gouvernement une clause destinée à prévenir l’abus du droit d’éviction. Il tint parole ; mais des protestations s’élevèrent aussitôt de la part des députés anglais, qui reprochèrent au gouvernement de dénaturer le caractère du bill, en transformant une mesure de bienfaisance en une atteinte au droit de propriété. Le sort du bill s’en trouva compromis, et comme la mesure ne pouvait avoir d’effet utile qu’à la condition d’une