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saisons, le cultivateur n’aura garde d’irriguer ; au printemps au contraire, ou dans l’été, quand le soleil dessèche les champs, il multipliera les arrosages. S’il veut produire des légumes ou des plantes vertes, il pourra sans crainte irriguer largement, non-seulement avant la culture pour préparer le sol, mais durant tout le temps de la croissance de ses récoltes. S’il veut au contraire obtenir des céréales, un colmatage de quelques jours avant le labourage fertilisera sa terre, mais il devra ensuite s’abstenir de toute irrigation, sous peine de ne récolter que de l’herbe. En un mot, l’intermittence et la disproportion des doses sont les conditions naturelles de l’irrigation agricole.

Bien différente est l’épuration par son but comme par ses exigences. Destinée uniquement à purifier les eaux chargées de matières organiques, elle comprend deux opérations distinctes, l’une mécanique, le filtrage par la surface du sol des matières en suspension, l’autre chimique, la combustion des matières en dissolution par l’oxygène de l’air contenu dans les couches inférieures. Écoutons M. le directeur des travaux de Paris[1] : « L’eau versée par intermittence à la surface d’un sol filtrant s’y enfonce méthodiquement par relais successifs, et c’est pendant qu’elle en parcourt l’épaisseur que s’opère la combustion de ses impuretés. Or, cette combustion, on l’a déjà dit, n’est pas instantanée : elle est au contraire lente et continue. Voici donc deux intervalles de temps qui commencent ensemble : le temps employé par l’eau à faire son trajet, le temps employé par le sol à faire l’épuration de cette eau : N’est-il pas évident que, si le temps du trajet de l’eau est plus court que celui de l’épuration, l’eau sortira du sol sans être entièrement épurée, et que, au contraire, si le temps du trajet égale ou dépasse le temps réclamé par l’épuration, la combustion des impuretés sera complète et l’eau parfaitement épurée ? » Il ressort de là que « les variations de la distribution de l’eau, dans le temps et dans la quantité, doivent être comprises dans certaines limites, en dehors desquelles l’épuration est compromise[2]. » — En effet, aie déplacement méthodique des eaux dans le sol se fait mal, quand il est trop brusque, et si l’on opérait par grandes quantités données à des intervalles de temps éloignés, une partie de l’eau impure descendrait tout droit jusqu’au bas du filtre et s’échapperait sans être épurée[3]. » En un mot, les conditions essentielles de l’épuration sont la continuité et la régularité absolues. On saisit immédiatement

  1. Note, page 87.
  2. Note, page 86.
  3. Note, page 88.