Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/582

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

manière de régler les travaux du comité et de choisir le personnel pour ce comité. Leurs réponses pourraient faciliter la rédaction du mémoire, qui serait ensuite présenté à la sanction impériale. Si ces messieurs exprimaient en même temps leurs idées sur le fond de la question, je crois qu’il serait plus prudent de ne pas discuter leurs vues afin de se réserver toute liberté d’action dans l’avenir[1].

« Ces premières ouvertures exigeraient peut-être dans l’intérêt de la cause un appui moral solide, pour fixer dès l’origine des idées et des convictions encore si chancelantes. Un simple particulier comme celui que Votre Altesse a bien voulu me désigner ne saurait posséder ni l’autorité ni l’indépendance nécessaires à une pareille mission. Il compromettrait son avenir sans atteindre le but. Puis-je désigner la seule personne qui possède tous les titres à être le dépositaire des pensées de Votre Altesse ? .. Ne connaissant pas les vues de Mgr le grand-duc (Constantin), je n’ose insister davantage et je demande pardon à Son Altesse d’avoir énoncé une idée peut-être en dehors de ma compétence. D’ailleurs, avant de connaître les termes de l’autorisation souveraine, il est bien difficile de juger des chances et des conditions dans lesquelles se présenterait l’affaire. Vous me permettrez, madame, d’y revenir après de plus amples informations ; je serai heureux de pouvoir m’associer en simple et obscur ouvrier à l’œuvre que Votre Altesse n’a pas hésité à entreprendre[2]. »

Deux ans plus tard, en décembre 1858, Milutine adressait à la grande-duchesse un nouveau mémoire. D’après le désir de sa noble correspondante, ce travail, complet et détaillé, devait être placé sous les yeux de l’empereur ; aussi Nicolas Alexèiévitch, alors fort mal en cour et traité de révolutionnaire, s’était-il abstenu de le signer[3]. Le modeste avant-projet, rédigé par Milutine pour un

  1. Dans sa pensée, les comités provinciaux devaient être purement consultatifs comme ils l’ont été en effet.
  2. Le premier comité de gouvernement qui se mit à l’œuvre fut en effet celui de Poltava.
  3. Lettre de Milutine à la grande-duchesse Hélène :
    « 24 décembre 1858.
    « Madame,
    « Je me suis pressé de compléter le projet pour Karlovka, et d’y ajouter quelques remarques sur la situation financière de ce bien. J’aurai l’honneur de le présenter à Votre Altesse demain ou après-demain au plus tard. Si Sa Majesté doit l’examiner en qualité d’avant-projet, je pense qu’il est inutile de le signer, non plus que la lettre qui doit l’accompagner officiellement.
    « De Votre Altesse, etc., etc.