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Parmi les causes qui favorisent le développement de ces cryptogames, on trouve en première ligne la chaleur et l’humidité. La pluie, agent fécondateur par excellence, aide toujours puissamment l’action de la température, et le nombre des spores peut être plus faible dans un mois chaud et sec que dans un mois plus froid et plus humide. La transparence de l’atmosphère après les pluies n’implique nullement une diminution du nombre des germes, comme on l’avait cru jusqu’à présent : les pluies peuvent la débarrasser des poussières inorganiques, mais, loin d’entraver la multiplication des spores de cryptogames, elles la favorisent au contraire. La neige seule peut nettoyer l’atmosphère à fond.

En dehors de l’air du parc de Montsouris, on a examiné celui de la presqu’île de Gennevilliers et du cimetière de Montparnasse. A Gennevilliers, les fructifications cryptogamiques ont été trouvées identiques à celles qui se récoltent au sud de Paris ; « quelques algues vertes circulaires, à peine colorées, s’y sont, il est vrai, montrées plus fréquentes ; mais ce simple fait ne saurait permettre de se prononcer sur l’état hygiénique d’un district réputé malsain par quelques-uns de ses habitans. » Il reste à étudier de la même manière les bactériens de Gennevilliers. Les cryptogames microscopiques récoltées au cimetière de Montparnasse ont été de même trouvées identiques à celles de Montsouris ; les courbes indiquant la fréquence des microbes ont présenté, aux mêmes époques, les mêmes maxima et minima, d’où l’on peut conclure qu’il n’existe pas, au cimetière du Sud, de foyer producteur de germes de cryptogames différens de ceux que l’on rencontre partout. Des recherches analogues, effectuées dans les égouts de Paris, ont montré que les poussières des égouts, intermédiaires entre celles de l’air extérieur et celles des salles des hôpitaux, sont plus riches en particules minérales que celles de l’air libre (sans doute à cause de la trépidation des voûtes), qu’elles présentent des fructifications de formes moins variées, et jamais de pollens. Les poussières des habitations et des salles d’hôpitaux, qui sont les plus chargées de particules minérales, renferment beaucoup moins de spores ; mais, si les spores sont relativement rares dans ces lieux habités, les germes de bactériens y sont en revanche beaucoup plus nombreux, et c’est là ce qui en fait l’insalubrité, car les spores de cryptogames paraissent être, en général, inoffensives. Au point de vue de l’hygiène, il importe donc surtout d’étudier la nature et la fréquence relative des bactéries, bacilles et vibrions, agens par excellence de la putréfaction. Il s’est trouve, en premier lieu, que, contrairement à ce qui s’observe pour les cryptogames à fructifications aériennes, leur nombre était toujours considérable pendant la sécheresse. Mais l’air extérieur en renferme incomparablement moins que l’air des hôpitaux. Les expériences faites dans la salle Saint-Christophe, à l’Hôtel-Dieu, semblent prouver qu’en moyenne l’air d’une salle d’hôpital est au moins cinquante fois plus chargé de saprophytes que l’air