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presbytériens, les néo-brahmaïstes ne voulurent d’autre président que Dieu ; mais Keshub resta leur chef réel sous le titre de secrétaire du Bharatbharsia Somaj et de ministre attaché au mandir de Calcutta.


IV.

Livrés à eux-mêmes, les néo-brahmaïstes s’abandonnèrent à une exubérance de vie religieuse que Keshub s’efforça, non pas de modérer, mais de régulariser par l’institution de rituels conformes à l’esprit de la nouvelle association. Désormais, le service hebdomadaire du Bharatbharsia Somaj consista en une simple succession d’hymnes, de prières, de méditations, de prêches et de lectures indifféremment empruntées aux Védas, à l’ancien et au Nouveau-Testament, au Coran et au Zend-Avesta. Le service hebdomadaire, qui resta fixé au dimanche pour correspondre au chômage réglementaire introduit par les Anglais dans les habitudes de l’Inde, fut complété par un « service de famille » que chaque brahmaïste pouvait quotidiennement célébrer dans sa maison. Quant aux rituels précédemment en usage pour les cérémonies de l’initiation, du mariage, de la crémation, du jatkarna (actions de grâces après la naissance d’un enfant) et du namkaram (collation du nom), ils furent simplement modifiés par l’élimination des formules en désaccord avec le programme de la réforme, et la cérémonie du shradh, en mémoire des défunts, qui était intimement liée à la théorie de la métempsycose, fut complètement remaniée dans le sens des doctrines professées par le brahmaïsme sur les destinées futures de l’âme. Enfin Keshub fonda une série de brahmostabs (fêtes du Seigneur) qui reviennent à des époques périodiques et se prolongent une journée entière.

Voici, d’après l’Indian Mirror du 22 août 1871, la description d’une de ces fêtes, qui prouve tout au moins pour la ferveur des assistans. A six heures précises, un hymne fut entonné en chœur dans la galerie supérieure du mandir pour annoncer la solennité du jour. D’autres suivirent, avec accompagnement d’harmonium, et ainsi, d’hymne en hymne, l’on atteignit le moment de l’office, qui, en y comprenant le sermon, dura de sept jusqu’à dix heures. Une partie de la congrégation se retira alors pour prendre quelque repos, mais le reste entoura le védi pour demander au ministre des éclaircissemens sur divers points de son sermon. A midi, comme l’assemblée se retrouvait au complet, quatre pandits vinrent successivement réciter des textes sanscrits. A une heure, le ministre donna une conférence sur les quatre points suivans : 1° le Véda est inférieur à la véritable Écriture où se révèle le Dieu éternel ; 2° le sage