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aurifères. De Tuen-hia, il faut sept jours de marche pour arriver chez ces peuples. On voit dans cette région encore peu connue des éléphans sauvages marchant par groupes de cent et parfois davantage. Il n’est pas rare d’en rencontrer à une journée de Tuen-hia.

La Rivière-Claire prend également sa source dans le Yunnan. On peut la remonter avec de grandes jonques ou de petits bateaux à vapeur jusqu’à Tuyên-Kouang, chef-lieu d’une province secondaire. Pour atteindre ce point en barque, il faut au moins quatre jours, et ensuite quatorze ou quinze jours à de petits bateaux pour atteindre Hô-Yang, où se termine la navigation. Cette dernière partie du cours de la Rivière-Glaire est très mauvaise, on y compte plus de cent rapides. Il ne faut que quatre jours par terre pour se rendre de Hô-Yang à Kaï-hoa-fou, dans le Yunnan, c’est-à-dire en Chine. Quant à la branche orientale de la Rivière-Claire, qui vient du Kouang-Si et se jette dans cette rivière au-dessus de Tuyên-Kouang, elle est navigable à partir du confluent pendant quatorze ou quinze jours pour de petites barques ; on atteint ensuite la ville chinoise de Tiaô-shing dans le Kouang-Si. La navigation sur cet affluent est très difficile, et les pirogues ne peuvent guère porter plus d’un tonneau comme dans la branche occidentale. Le pays est très montagneux et très boisé ; ce n’est qu’en approchant de la Chine que les sommets se dégarnissent de leur haute végétation.

Cette région du nord-est, placée entre le Fleuve-Rouge et le Yunnan, est habitée par diverses tribus qui ont chacune leur chef ; en outre, elle reconnaît comme suzerain un petit roi qui a sa résidence dans les montagnes près de la Chine, dans la direction de Hô-Yang. Ce chef prétend descendre des souverains qui jadis gouvernaient le Yunnan avant la conquête du pays par les Chinois, c’est-à-dire au IIIe siècle de notre ère. Il prétend même avoir des droits sur toutes les tribus sauvages et chinoises du Yunnan, du Koueï-tchebu et du Kouang-Si. Beaucoup de chefs l’ont en grand respect et lui font, quand ils le peuvent, des présens à titre d’hommage. Il a autour de lui une cour au milieu de laquelle il trône en se disant le roi légitime de ces contrées. Pour lui, les Chinois lui ont volé son royaume. L’endroit qu’il habite se nomme Shuien-tien. M. Dupuis avait pris beaucoup de notes sur les intéressantes populations de cette région, mais sa maison d’Hannoï ayant été livrée au pillage par suite du séquestre mis sur son expédition par M. le contre-amiral Dupré, ces notes ont été dispersées. Quoi qu’il en soit, on peut affirmer que, dans un avenir prochain, lorsque la France se