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besoin d’y habituer d’avance l’opinion publique. En attendant qu’on puisse transformer le baccalauréat en un simple examen de fin d’études, il faut bien le prendre comme il est et se contenter de l’améliorer, puisqu’on ne peut pas le détruire. Mais ici encore les plus grandes difficultés se rencontrent. Quand on porte la main sur le baccalauréat pour le modifier, on se trouve forcé de choisir entre deux fâcheuses alternatives : si l’on veut diminuer le programme, on fait assurément une œuvre méritoire à laquelle tout le monde applaudira ; mais il se trouve que les matières dont on délivre l’examen sont aussitôt abandonnées dans les classes, et que ce qui est ici un grand bien devient un mal ailleurs. Si au contraire on songe à l’intérêt des classes, et si l’on veut que tout qui s’y enseigne soit représenté dans l’examen, on en fait une véritable encyclopédie, qui exige qu’un enfant porte dans sa tête un cours de science universelle : en sorte que cette institution a le triple inconvénient qu’on ne peut ni la garder, ni la détruire, ni même la réformer sans danger.

Le conseil pourtant a tenté quelques réformes, mais il s’en est tenu aux plus nécessaires. Il a conservé la division du baccalauréat en deux épreuves, qui a paru donner de bons résultats. La dernière épreuve s’est allégée des langues vivantes, qu’on a renvoyées au premier examen, où elles semblent être mieux placées ; mais en revanche on y a ajouté une composition scientifique que réclamaient depuis longtemps les professeurs de mathématiques et de physique, avec cette réserve « que le sujet, pris dans le programme de la classe de philosophie, aurait un caractère général, et qu’en outre le coefficient de cette composition serait inférieur de moitié à celui de la dissertation philosophique. » Cette innovation ne me semble pas heureuse : elle surcharge l’examen sans beaucoup de profit, les sciences ayant déjà une grande place dans les épreuves orales. De leur côté, les langues anciennes ont timidement réclamé une compensation aux pertes qu’elles ont à subir dans la nouvelle organisation des études, et l’on a décidé que les auteurs grecs et latins, portés sur le programme de philosophie, seraient expliqués dans leur texte. De cette manière, les langues classiques ne seront pas tout à fait exclues de la classe qui est le couronnement de toutes les autres et accompagneront les élèves jusqu’à leur sortie du lycée.

Le premier examen, quoiqu’on y ait ajouté les langues vivantes, se trouvera en réalité assez diminué. D’abord la composition latine, sur la demande de presque tous les professeurs, est supprimée. L’histoire de cette composition est vraiment curieuse à connaître. Tout le monde battit des mains lorsqu’un ministre bien intentionné