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passage, comme celui qui, dans les nouveaux programmes, conduit d’une division à l’autre ; seulement celui-là, étant le dernier de tous et le plus important, doit être aussi le plus sérieux. Le jury pourrait être composé des professeurs mêmes de l’établissement, présidés par un délégué de l’état ; une loi déterminerait la forme et les matières de l’examen. C’est ainsi que les choses se passent en Allemagne, et personne ne s’en plaint. Le premier avantage que j’y trouve, c’est que les professeurs de nos facultés seraient délivrés d’une besogne fastidieuse qui leur fait perdre, sans profit pour personne, un temps qu’ils doivent à la science. D’un autre côté, l’élève, qui comparaît devant des professeurs qu’il connaît et qui le connaissent, est moins exposé à se troubler et montre tout ce qu’il sait. Enfin le délégué de l’état, s’il est bien choisi, s’il remplit sérieusement son devoir, peut empêcher toute complaisance fâcheuse. Voilà le système qui me parait, en principe, le plus simple, le plus juste et le plus vrai.

Je sais bien qu’on peut élever contre ce système une objection grave. Des examens ainsi faits se comprennent dans les lycées de l’état ; mais nous ne vivons plus sous le régime du monopole, l’enseignement est libre, et beaucoup de jeunes gens sont élevés en dehors de l’Université. Convient-il de les condamner sans pitié au baccalauréat, et s’il est vrai que ce système soit si mauvais et produise d’aussi tristes résultats, est-il juste qu’une grande partie, presque la moitié de notre jeunesse, soit forcée de le subir ? Mais, alors, que faut-il faire ? Pour moi, j’avoue que je ne verrais pas de grands inconvéniens à donner à quelques établissements libres, sous certaines conditions et avec certaines réserves, le droit dont jouiraient ceux de l’état. On l’accorderait, par un décret spécial, à ceux où l’on saurait que les études sont bien faites et qui posséderaient, par exemple, un nombre déterminé de professeurs pourvus de leurs grades universitaires. Il ne serait pas à craindre que, dans un collège important, bien dirigé, où les principales classes sont faites par dès licenciés, le niveau des études fût trop abaissé, et, en choisissant bien le délégué de l’état devant qui on subirait les épreuves, on pourrait croire que les examens seraient sérieux et mériteraient toute confiance. Quant aux jeunes gens élevés dans leurs familles ou dans les établissemens qui n’auraient pas le droit de décerner des diplômes, il resterait pour eux la ressource de l’ancien baccalauréat : comme il ne fonctionnerait plus que pour quelques candidats et à de plus rares intervalles, il ne pourrait plus avoir sur nos études l’influence déplorable que nous avons signalée.

Mais ces changemens radicaux ne sont pas de ceux qu’on peut décréter en un jour. Ils demandent à être pesés, mûris, et il est