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REVUE LITTÉRAIRE


VINGT-SEPT ANS DE L’HISTOIRE DES ÉTUDES ORIENTALES[1]


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Rapports faits à la Société Asiatique de Paris, de 1840 à 1867, par M. Jules Mohl, 2 vol. in-8o ; Paris, Reinwald, 1879-1880.


Il y a plusieurs sortes d’érudition. On pourrait distinguer, par exemple, l’érudition qui amuse et l’érudition qui ennuie. De fort honnêtes gens, aujourd’hui, semblent avoir vers la seconde une propension fâcheuse. Mais ce ne serait là qu’une plaisanterie, j’en sais de plus mauvaises ; j’accorde sans peine aux érudits qu’il y en ait de meilleures. Et, de fait, l’érudition, non plus que la science, n’est vraiment tenue d’être amusante. On la dégrade même un peu, toujours comme la science, quand on essaie de les présenter l’une ou l’autre par ceux de leurs côtés les plus propres à piquer une curiosité banale. Après cela, il ne reste pourtant pas moins vrai que certaines formes, ou, pour mieux parler, certaines provinces de l’érudition, selon les temps et selon les lieux, nous attirent davantage. Omne ignotum pro magnifico est : ce furent, au temps de la renaissance, les riches provinces de l’érudition grecque et latine : ce sont, au xixe siècle, les lointaines, les vastes, les presque infinies, provinces de l’érudition orientale.

Non pas certes qu’il n’y ait encore plus d’une découverte à faire dans le champ de l’érudition grecque et latine. Il s’en fait même tous les jours, et de considérâmes. C’est ainsi que l’épigraphie latine a renouvelé presque entièrement, depuis une cinquantaine d’années, telles et

  1. Nous prenons la liberté de corriger le titre, qui ainsi conçu : Vingt-sept Ans d’histoire des études orientales.