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pratiques, immédiatement applicables. Elles viennent en aide au travail des professeurs d’humanités; elles coordonnent les idées grammaticales, littéraires, historiques, scientifiques, qui seraient restées sans lien et confuses; elles introduisent dans l’enseignement l’unité et la vie. En élevant le point de vue et en ouvrant des perspectives, elles rendent plus sensibles l’ordre et l’harmonie des détails, plus facile l’orientation des esprits. Elles ne s’adressent pas à une faculté exclusive, comme la géométrie ou l’algèbre, mais à toutes : elles touchent à tout, elles donnent des « clartés de tout, » comme dit Molière. Elles peuvent par cela même se mêler sans disparate à tous les autres exercices de la jeunesse, grammaire, littérature, histoire, sciences. En donnant lieu à des compositions en français, à des réductions, à des analyses, à des lettres, à des discours même sur des sujets de morale, d’art, de littérature, de science générale, elles contribuent à l’enseignement de la langue française et apprennent à bien écrire en apprenant à bien juger. Enfin elles ne sont pas moins moralisatrices qu’intéressantes et instructives, puisqu’elles sont l’introduction méthodique des jeunes esprits dans un monde où ils ne font d’ordinaire que des excursions au hasard et sans suite : le monde moral, le vrai domaine de l’homme et des humanités.


III.

Ainsi préparé, avec l’esprit ouvert sur toutes choses et sur lui-même, avec des connaissances déjà précises sur le monde moral comme sur le monde physique, notre humaniste, désormais plus digne de son nom, arrive enfin dans la classe de philosophie. Là encore le programme des cours, déchargé d’un certain nombre de sujets déjà traités dans les classes précédentes, pourra s’enrichir d’additions importantes et selon nous indispensables. Les professeurs et les élèves ayant plus de loisir, ces additions ne seront une surcharge ni pour les uns ni pour les autres. Nous voudrions que le programme de philosophie fût précis, étendu et bien divisé, non pour imposer telle ou telle solution, mais pour mettre en relief toutes les questions vraiment nécessaires, sans exclure d’ailleurs les autres. Une bonne classification des questions et une bonne division du cours sont ici plus utiles encore qu’ailleurs. Nous nous trouvons en effet tout d’abord en face d’un problème qui divise les esprits : quelle sera la place de la métaphysique dans le cours de philosophie ? Les uns veulent la laisser un peu partout, comme aujourd’hui, les autres la supprimer entièrement. Pour nous, nous ne voulons rien supprimer, et nous voulons au contraire étendre ; mais il faut mettre chaque chose à