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les grandes flottilles.

les premiers âges de l’histoire, ils n’étaient pas pontés ; plus tard, on les a revêtus d’une couverte; il était cependant encore possible de les tirer à terre; les quinquérèmes sont venues, il leur a fallu des ports ; l’invention de l’artillerie a exigé des plates-formes solides, des membrures résistantes, les constructeurs du XVIe siècle ont bâti la galère qui devait combattre à Lépante. Telles sont les quatre périodes qu’a parcourues, dans le court ou le long espace, comme il vous plaira de l’appeler, de deux mille ans l’art naval. Je propose d’en revenir aux temps les plus rapprochés du déluge, aux pentécontores, ou, si vous l’aimez mieux, aux péniches de Boulogne; il n’y a pas d’autre moyen de se mettre en mesure de débarquer et de rembarquer rapidement de l’infanterie. Le grand avantage de la péniche, je l’ai plus d’une fois fait sentir : tout rivage lui convient, le brisant la soulève et ne la submerge pas. Quand il le faudra, nous en construirons deux mille avec la promptitude que montrèrent avant nous Duillius, Scipion, César et Théodoric, en quarante-cinq jours. Il sera peut-être nécessaire de les remorquer; nous aurons pour cela une flottille à vapeur, — dût cette flottille n’être composée que de bateaux-torpilles; — nous voudrons aussi épargner aux péniches les périls d’un trop long voyage ; cent transports préparés à l’avance ou empruntés au commerce les prendront sur leur pont, les suspendront à leurs flancs. Les péniches, croyez-moi, ne nous causeront jamais autant d’embarras que nous en ont causé les chalands. Quant aux rameurs, ne vous en inquiétez pas; ce seront les soldats eux-mêmes. On leur apprend bien à nager en chambre ; pourquoi ne les dresserait-on pas à ramer sur le sable ? Le général romain faisait asseoir ses troupes dans l’ordre qu’elles auraient occupé à bord d’un vaisseau, se plaçait au centre et habituait les hastaires, aussi bien que les vélites, les princes et triaires, « à se jeter en arrière en amenant tous à la fois leurs mains vers leur poitrine, à se baisser ensuite en les reculant. » Attentifs aux signes de l’hortator, dociles comme un danseur au

    pas que la seule disposition que la trirème du Parthénon paraît permettre, soit celle-ci :
    Une rame par rameur. Les rames par groupes de trois. Les trois rames superposées (pas dans le même plan vertical). Un banc oblique par rapport au plan longitudinal, mais incliné par rapport au plan horizontal, ou bien mieux, ce banc en cascade, si je puis m’exprimer ainsi, formant trois sièges dont l’écartement en hauteur serait égal à l’écartement vertical des lisses, et leur distance, mesurée sur le plan horizontal, égale à l’écartement horizontal de ces mêmes lisses ; la direction générale de ces trois sièges étant, en projection horizontale, le banc oblique de l’amiral Fincati dirigé de l’avant vers l’arrière.
    Une pareille disposition satisferait, croyons-nous, à la trirème du Parthénon ; elle satisferait aussi aux conditions qui ressortent de la description de l’amiral Fincati, notamment à la condition résultant d’une inégalité, mais d’une inégalité assez faible dans la longueur des avirons.