Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/438

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

secondaire de la banque, mais la conservation, l’accumulation, la distribution des métaux précieux, la fabrication des bonnes monnaies (c’est le cas particulier de la Banque d’Angleterre), l’économie dans la circulation monétaire sont encore l’une des fonctions principales des banques. Tels ont été, au XVIIe siècle, les services rendus par la Banque d’Amsterdam.

La garde des dépôts a été la seconde cause. Dans la Grèce, cette garde appartint surtout aux temples, aux collèges des prêtres de Delphes, d’Olympie, de Dodone, autorisés par la tradition à se servir des dépôts pour consentir des prêts, notamment aux gouvernemens de la Grèce. A Rome, les argentarii, revêtus d’un caractère quasi officiel, recevaient également des dépôts qu’ils employaient à des prêts; ils étaient donc de véritables banquiers. Toutefois le défaut de sécurité devint si profond dans les derniers temps de l’empire romain, il s’accomplit sous l’influence du christianisme un changement si considérable dans les idées économiques, que l’emploi des dépôts ne fut plus ni possible, ni licite. Selon la parabole de l’Évangile, le serviteur fidèle doit remettre les fonds de son maître au banquier qui en sert l’intérêt, parabole qui atteste la sécurité et les usages du temps. Plus tard, il n’en fut plus ainsi. Le dépôt dut être conservé tel quel. Plusieurs des banques du moyen âge n’ont été que des banques de dépôts, notamment celles de Venise, de Hambourg et d’Amsterdam. Lorsque en 1672 les armées de Louis XIV menacèrent Amsterdam, les caisses de la banque furent vérifiées : on y retrouva les espèces qui y avaient été déposées depuis longtemps; un certain nombre portaient les traces d’un incendie déjà ancien.

Tous les états qui ont eu à entreprendre ou à soutenir de longues guerres, ou à exécuter de grands travaux publics, ne trouvant pas dans les impôts annuels des ressources suffisantes, ont dû avoir recours au crédit, sous des formes et par des moyens différens, appropriés aux conditions de lieux, d’époques et de civilisation. Ils ont, par suite, non-seulement favorisé, mais ils ont parfois provoqué la formation de banques appelées ainsi à concourir aux affaires mêmes de l’état. C’est le cas de la banque de Venise, fondée en 1157 au milieu des difficultés d’une guerre avec les empereurs de Constantinople; c’est aussi le cas de la banque d’Angleterre, comme nous allons l’établir. Il s’est ainsi créé entre certaines banques et certains gouvernemens des liens politiques; leur destinée est devenue la même. Quels services la banque de France n’a-t-elle pas rendus dans la terrible crise de 1870? M. Thiers n’a cessé, avec une reconnaissance patriotique, de les rappeler.

Les besoins du commerce et de l’industrie, la commodité et les préférences des capitalistes, confiant la gestion de leurs capitaux