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colonial banks, les Lombards possédaient en France, en Angleterre, dans les Flandres, en Catalogne, à Tunis, en Égypte, à Chypre, à Rhodes, à Constantinople, sur les bords de la Mer-Noire de nombreuses succursales. Les Peruzzi de Florence ont eu jusqu’à seize succursales, dont une à Londres, une à Tunis, une à Rhodes; les Alberti en ont eu jusqu’à neuf, dont une à Paris, une à Bruxelles et une à Constantinople.

De même que pour les banques des Lombards, le développement des banques anglaises a concordé non-seulement avec les progrès du commerce maritime et de l’industrie manufacturière (Florence a été, au moyen âge, la plus grande ville industrielle de l’Italie); mais encore avec la possession, avec les garanties d’un gouvernement libre. Il en avait été ainsi pour les banques de la Grèce et de Rome. L’époque de leur prospérité a coïncidé avec celle de la liberté dans les institutions politiques. Il faut, en effet, aux capitaux une sécurité que seules les institutions libres peuvent permettre aux banques de leur offrir. S’il appartient, en vertu de la coutume ou de la force, au gouvernement ou au prince, de s’en emparer, comme Charles Ier et Charles II l’ont fait sans scrupule, ainsi que la plupart des souverains du moyen âge à l’égard des juifs, les banques seront sans raison d’être, puisqu’elles manqueront elles-mêmes de la sécurité que les capitaux leur demandent avant tout. Pendant six cents ans, la banque de Venise et la banque de Saint-George à Gênes ont pu prolonger leur longue carrière parce que, pendant six siècles, elles ont trouvé des garanties complètes dans les gouvernemens qui avaient présidé à leur formation. Pour les dissoudre il a fallu la chute même de ces gouvernemens.

Néanmoins l’étendue des relations commerciales, les progrès de l’industrie manufacturière, la sécurité des institutions libres ne suffisent pas pour garantir aux banques la durée de leur prospérité. Il faut encore qu’elles trouvent, soit dans le développement normal de la législation, soit dans le niveau moral et intellectuel des populations, soit dans l’expérience, la capacité, la probité de leur personnel, des moyens d’action et des ressources qui doivent grandir à mesure que s’accroît l’importance des intérêts qu’on leur confie.


I.

Les mêmes causes ont présidé, dans tous les états, à la formation et au développement des banques.

Les diversités des monnaies, la nécessité et les difficultés de les vérifier et de les échanger ont été la première de ces causes. Cette cause a changé aujourd’hui de caractère sans perdre de son importance. Les échanges de monnaies ne sont plus qu’une branche