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avec vous du triomphe de leur fidélité et procurer aux habitans tous les avantages sur lesquels ils auraient droit de compter.

Vous connaissez, notre cher cousin, les sentimens avec lesquels nous sommes vos bien affectionnés cousins.


Dans l’intervalle du 4 au 6, de nouveaux incidens s’étaient produits. Le prince de Condé ne reçut que le 6 au matin la dépêche de Coblentz. M. de Vioménil, aussitôt après son adroite poursuite de M. de Melius et sa piquante conférence d’Offenbourg, avait regagné à toute vitesse son dangereux poste d’observation du pont de Kehl. De là, comptant sur la salutaire terreur dont il avait imprégné l’esprit de M. de Melius, et sur les retards que mille causes apporteront à l’évacuation des quartiers occupés sur la frontière par les émigrés, il demande à Condé un dernier délai de huit jours pour tenter à Strasbourg un suprême effort. Condé lui répond par un exprès, le même jour (5 février) :


Il m’est impossible de vous promettre de pouvoir attendre jusqu’au 13; je suis et je vais être pressé plus que jamais. C’est le 8 que j’aurai la décision du petit congrès, qui certainement ne nous sera pas favorable. De plus, j’ai appris aujourd’hui que les seize cents hommes du duc de Wurtemberg sont arrivés et ont pris position avec deux pièces de canon à Fierdenstadt, au débouché des gorges. De plus encore, le président de Fribourg m’a fait dire qu’il me conseillait de ne pas perdre un moment au renvoi de la légion soldée et du régiment de Berwick, parce qu’il craignait que le duc de Wurtemberg et les troupes ne multipliassent les obstacles et les entraves pour empêcher la double translation. Cependant j’attends encore; mais jugez si cela peut être long.

C’est quelque chose que l’acceptation de l’entrevue par L. (Luckner) ; mais si C. (Courtivron) n’en est pas, ce n’est rien. On ne peut rien faire sans les catholiques, et d’Ar... (?) est au moins si désespérant que je vous avoue que je crains qu’il ne nous ménage un piège dont il se disculpera en disant qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour dégoûter de l’entreprise. Courtivron est furieusement livré à cet homme-là.

La lettre du 19 de Coblentz n’est rien; j’en attends une autre. Ce qui m’inquiète, c’est l’homme arrêté par le débordement de la Lahn et qui se dit porteur de nouvelles de Strasbourg, Qui l’envoie? Sûrement ce n’est pas Polignac, qui m’écrit hier de Rastadt.


Dans une dépêche du même jour, le soir, après des détails sans importance, Condé ajoute, comme répondant à un reproche de Vioménil ;