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d’eau ou l’oxyde de carbone. On sait en effet, par les recherches de MM. Stammer et Grüner, que l’oxyde de carbone, à une température inférieure à 400 degrés, réduit en partie l’oxyde de fer en donnant un carbure et du carbone libre. Pour les autres météorites, au contraire, la réduction est probablement due à une atmosphère hydrogénée, telle que l’analyse spectrale en découvre autour du soleil et de beaucoup d’autres étoiles.

En résumé, on le voit, l’étude des roches péridotiques et des fers d’Ovifak justifie la comparaison établie entre les fragmens cosmiques et le globe terrestre. Des deux parts, on reconnaît le produit d’un affinage assez analogue à celui que réalise la préparation de l’acier par le procédé Bessemer. Silicium, magnésium, nickel et fer, ont brûlé dans l’ordre de leur plus facile oxydation : d’abord se sont formés les silicates de magnésie qui, en recouvrant les globules de fer nickelé, les ont protégés contre la combustion ultérieure; de même notre terre s’est revêtue d’une croûte silicatée qui empêche l’oxydation d’atteindre la masse interne. Mais on ne saurait oublier une différence fondamentale ; notre globe est comme enveloppé de terrains stratifiés, sans cesse en formation sous les eaux et lentement accumulés les uns sur les autres pendant d’incalculables périodes. Ces assises multiples, qui rappellent malgré leur discontinuité les couches d’accroissement d’un arbre gigantesque, reposent sur un soubassement de granité et de gneiss, c’est-à-dire de ces roches dont la genèse mystérieuse révèle l’intervention de l’eau, de la chaleur et de la pression. Au-delà, dans la profondeur, dorment les roches que la voie sèche a formées, que les éruptions et les volcans amènent parfois au jour et qui manifestent alors l’étroite analogie de la terre et des météorites. Celles-ci en effet n’ont jamais offert rien qui ressemblât aux roches sédimentaires ou granitiques. Peut-être viennent-elles de l’intérieur de globes pareils au nôtre et couverts aussi d’une mince écorce; peut-être leurs astres originaires ont-ils subi une évolution plus simple et, privés d’océan, n’avaient-ils ni strates ni granités. Quoi qu’il en soit, venues de tous les points de l’univers, elles en confirment la remarquable unité, attestée déjà par l’analyse spectrale. Les météorites ne nous apportent aucun nouvel élément, et, parmi les vingt-deux corps simples qu’elles contiennent, ceux qui jouent le principal rôle, le fer, le silicium, l’oxygène et le magnésium sont aussi les plus répandus sur notre terre. Sauf quelques espèces particulières, la plupart de leurs minéraux sont, pour leur nature et leurs associations, ceux mêmes qui abondent dans nos roches, et surtout le péridot, que son ubiquité peut faire regarder comme la scorie universelle. Enfin les débris errans qui s’échangent entre les astres