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péridot, et l’on obtiendra des grains cristallisés, sphéroïdaux ou légèrement déformés, mélangés d’un peu de fer métallique, reproduisant à s’y méprendre l’aspect de la pierre d’Ornans. Du reste, toute matière qui tend à s’agglomérer dans un milieu résistant, solide, liquide ou gazeux, prend la forme globulaire. C’est ainsi que le laitier des hauts fourneaux se granule sous l’action de l’eau, ou le plomb de chasse en traversant l’air. En manifestant les effets de la même loi mécanique, les météorites en démontrent la généralité : l’attraction universelle a non-seulement assigné aux corps célestes leur forme et leurs orbites, mais elle a en outre présidé dans les espaces stellaires à la constitution intime des fragmens qu’elle entraîne jusqu’à notre globe.

La structure polyédrique et les impressions superficielles se rattachent par leur origine aux réactions de l’atmosphère sur la météorite. Celle-ci, en effet, grâce à sa vitesse, heurte avec une prodigieuse puissance les couches d’air qu’elle échauffe et comprime. Les conditions mécaniques sont donc les mêmes que si, le solide étant en repos, on développait subitement contre sa paroi une haute température et une énorme tension. Seule, une vive chaleur, celle d’une flamme oxhydrique par exemple, bien qu’elle fasse sauter quelques esquilles, ne reproduit pas l’aspect des météorites; mais chacun connaît l’énergie brisante des gaz dégagés par la combustion de la dynamite. M. Daubrée a posé des pétards de 5 à 6 kilogrammes à la surface de pièces d’acier placées au fond d’un puits à parois d’argile. Après l’explosion, toujours les prismes d’acier ont été brisés en fragmens polyédriques, dont les plans de rupture s’orientaient normalement à la surface d’action. On n’est pas surpris de la violence des effets quand on songe que, dans cette explosion, dont la durée n’atteint peut-être pas un cinquante millième de seconde, la tension des gaz dépasse sans doute 30,000 atmosphères. Mais l’expérience peut imiter aussi les cupules si ordinaires sur les météorites de tous les types, sur les fers de Hrashina ou de Braunau, comme sur les pierres de Knyahinya, de Stannern ou d’Orgueil. Quand on tire à poudre, il arrive souvent qu’à la bouche du canon tombent des grains de poudre, incomplètement comburés, éteints par la brusque détente de la pression. Leur surface couverte d’alvéoles témoigne de la tension gazeuse qu’ils ont supportée, et leur aspect les pourrait faire confondre avec les petites pierres si abondantes à la chute de Pultusk. Il en est de même quand la poudre dans le vide brûde sans déflagrer. Le zinc ou l’acier soumis à une pression analogue dans un appareil très résistant, présentent aussi, après l’inflammation de la poudre, des excavations capricieuses. Enfin les gaz chauds qui s’échappent