Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 38.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

révèle dans le tissu des briques ou des pierres, entre autres les grains de calcédoine ou silice anhydre, qui, chose curieuse, s’est déposée à une température au plus égale à 70 degrés. Mêmes faits aux sources de Luxeuil, où la température n’a pas dépassé 46 degrés, à celles de Bourbonne et aux thermes d’Oran. Ainsi la production des zéolithes, avec les minéraux qui les accompagnent dans les maçonneries thermales, a pu s’accomplir à une température basse, sous l’influence d’un lent courant d’eaux d’infiltration, très peu minéralisées, mais sans cesse renouvelées.

Revenons maintenant de l’expérience à l’observation. Les roches éruptives qui se sont épanchées en nappes, les mélaphyres ou les diabases siluriens aussi bien que les trapps et les basaltes tertiaires, qu’on les observe au Lac-Supérieur ou dans l’Afrique centrale, dans le Tyrol ou en Auvergne, présentent dans leurs boursouflures ou même dans leur pâte le même mélange de zéolithes, de pyroxène, de quartz et d’espèces associées. Et la ressemblance avec les maçonneries pénétrées de minéraux contemporains est si complète que, si l’on n’était mis en garde par la couleur, on serait tenté souvent de confondre un fragment de béton et un échantillon d’une roche éruptive ou d’une lave altérée. Une telle identité dans les résultats autorise à les rattacher des deux parts aux mêmes influences. L’action hydrothermale aide aussi à comprendre la genèse du granité, dans laquelle ont été enjeu, nous l’avons vu, le fluor et le chlore. Elle fait voir enfin comment, sans subir les hautes températures que d’autres faits empêchent d’admettre, une masse rocheuse a pu se ramollir et souvent foisonner, comme le verre se gonfle dans le four. Quand on songe d’ailleurs à la très faible proportion d’eau mise en œuvre, on s’explique comment le métamorphisme s’est étendu uniformément sur de vastes espaces, puisque toutes les roches contiennent de l’eau de constitution ou au moins de l’eau d’imbibition capillaire. Un autre fait important, c’est que, dans la production de minéraux contemporains, la plupart des élémens préexistaient dans la brique ou les pierres : ils ont en quelque sorte saisi au passage ceux en petit nombre qu’apportait l’eau thermale, et le minéral s’est formé sur place. C’est ainsi qu’ont apparu, au sein des roches métamorphiques, la wernérite et le grenat dans les calcaires, la staurotide ou la mâcle dans les schistes, ou encore le feldspath, qui s’est développé en si grande abondance dans les grauwackes des Vosges, qu’on les pourrait prendre pour des porphyres, si elles ne contenaient de nombreux débris végétaux. De même que le verre abandonne du quartz sous l’influence de l’eau surchauffée, de même les quartzites et les phyllades ont exsudé le quartz qui les sillonne de veines cristallines, et qui se montre, là comme dans les filons, un témoin habituel des réactions par voie