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un puisard romain. Là, au milieu d’une boue de couleur noirâtre et d’odeur sulfureuse, on a trouvé plus de quatre mille sept cents médailles, la plupart en bronze et d’époques très différentes, depuis Auguste ou Vespasien jusqu’à Constance ou Magnence; quelques-unes seulement en or à l’effigie de Néron ou d’Hadrien, d’autres en argent et presque toutes gauloises. En outre, plus de seize cents médailles, corrodées et méconnaissables, étaient mêlées à des statuettes, des épingles ou des bagues. Au-dessous enfin, des milliers de monnaies décomposées avaient fourni les intéressans minéraux qui cimentaient des fragmens de grès ou de silex. Quelques médailles, dont le relief s’était effacé, avaient néanmoins conservé leur forme, mais leur surface terreuse et blanche n’était constituée que par l’étain oxydé. Le cuivre, de son côté, était entré dans de nombreuses combinaisons sulfurées : ici de petits octaèdres de cuprite dans une poussière noire, variété de mélaconine; des tablettes hexagonales de cuivre sulfuré, souvent mâclé comme celui de Cornouailles. Le cuivre pyrileux, en octaèdres ou en mamelons, se reconnaît à sa couleur jaune; le cuivre gris, très abondant, à sa forme tétraédrique, tandis que l’irisation de petits cubes à faces courbes dénote la présence de la philipsite, aussi nette que dans les anciens gisemens. Le plomb des tuyaux ou quelques outils de fer ont donné lieu aussi à des minéralisations curieuses : lamelles grises de galène, paillettes orangées de litharge, cristaux blancs adamantins de phosgénite. La pyrite de fer, si répandue dans l’écorce terrestre et dont la formation contemporaine n’a pu être reconnue cependant que sur quelques points, à Saint-Nectaire, à Bourbonl’Archambault, se présente à Bourbonne comme à Aix-la-Chapelle. Elle y est récente, puisqu’elle s’étale en enduits cristallins sur des silex taillés ou des haches de pierre; et la réaction s’est accomplie ici, non pas à 150 degrés, comme dans les expériences de Sénarmont, mais à la température des eaux qui ne dépasse pas 52 degrés. Ainsi les minéraux produits par cette action contemporaine des sources ne sont autres que les élémens ordinaires des filons, et rappellent, par les détails de leur précipitation, tantôt les brèches à ciment métallique, tantôt les poudingues avec galène de Bleyberg, ou mieux encore les grès cuprifères avec végétaux fossiles de Perm. La réduction des sulfates en sulfures insolubles, sous l’influence des matières végétales dissoutes, a été facilitée encore par les forces électrochimiques, si actives au milieu de ces métaux différens, plongés dans l’argile et baignés d’eaux salines. En présence d’élémens en proportion indéfinie, il ne s’est pas constitué de préférence quelques équilibres moléculaires; plus de vingt espèces ont pu être reconnues, sans compter celles que leur état amorphe rend indéterminables.