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l’Espagne, Switzguebel pour la fédération jurassienne et Eccarius pour la branche de Bethnal-Green de Londres. Le compte-rendu n’offre d’intéressant qu’un long rapport du délégué de Paepe sur les services publics et une adresse du Comité italien pour la révolution sociale, qui est très curieux. En effet, il dépeint parfaitement le caractère particulier du mouvement socialiste en Italie, et il prouve aussi qu’il n’est pas bon de l’exclure du droit commun, en lui enlevant la faculté d’agir ouvertement. L’adresse constate d’abord que « les masses italiennes, plutôt disposées à la conspiration, n’acceptent l’Internationale qu’avec grande défiance... Cette organisation au grand jour est un système absurde... La liberté de parole, de réunion et de presse, et les autres libertés inscrites dans le statut italien sont autant de pièges dont nos ennemis savent profiter. Aussi réclame-t-on de toutes parts un changement radical du système, et déjà une vaste et solide conspiration socialiste révolutionnaire commence à étendre vigoureusement des racines pénétrant jusque dans les couches les plus profondes du prolétariat italien... La suppression en masse, décrétée par le gouvernement, nous a conduits à la plus sévère conspiration. Cette dernière organisation étant très supérieure à la première, nous pouvons nous féliciter que les persécutions aient mis fin à l’Internationale publique. Nous continuerons à marcher dans la voie secrète que nous avons adoptée comme la seule qui puisse nous conduire à notre but final, la révolution sociale. » La compression tentée en ce moment en Allemagne a les mêmes résultats. Le socialisme, au lieu d’agir au grand jour, se transforme en une conspiration dont les progrès sont aussi rapides, les dernières élections l’ont prouvé, et dont le danger est bien plus réel. La liberté a un double avantage: elle révèle bientôt l’impuissance et le néant des fausses doctrines, et d’autre part elle avertit les conservateurs de se tenir sur leurs gardes et d’accomplir les réformes réclamées par la justice et l’intérêt général.

Le huitième congrès, réuni à Berne le 26 octobre 1876, ne fut pas plus international que le précédent. Il se composait presque exclusivement de délégués de la fédération jurassienne, auxquels s’adjoignent un Belge, deux Espagnols, deux Français et quelques Italiens. Les rapports des différens pays constatent que l’Internationale voit diminuer presque partout le nombre de ses adhérens. Le vide se fait. La fameuse association se meurt. On décide pour la sauver de convoquer pour l’année suivante à Gand un congrès universel du socialisme. On espère ainsi regagner le terrain perdu. Dans le compte-rendu, je ne trouve à signaler qu’une discussion entre le délégué belge, César de Paepe, qui défend l’état, et le délégué italien, Malatesta, qui au nom des « anarchistes » en