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et même le conseil général de Londres, lancèrent des manifestes témoignant leur sympathie et leur admiration pour « les glorieux vaincus. » L’adresse du conseil général, publiée le 30 mai, sous le titre de la Guerre civile en France, est un long exposé des faits qui ont amené la révolution du 18 mars. C’est un curieux essai de justification. Ce que la commune a voulu, y dit-on, c’est établir un gouvernement vraiment démocratique et surtout économique, en restituant à l’autorité municipale les fonctions trop nombreuses exercées aujourd’hui par l’état. — Il faudrait donc croire qu’il s’agissait tout simplement d’imiter le régime en vigueur aux États-Unis et en Suisse. — Si des monumens ont été brûlés, c’est comme moyen de défense, ainsi que cela se fait dans toutes les guerres. L’incapacité absolue de la commune en fait de réformes sociales est expliquée de la façon suivante : « Les travailleurs n’espéraient pas de miracles de la commune. Ils n’avaient pas d’utopies toutes prêtes à introduire par décret du peuple. Ils savaient bien qu’afin de réaliser leur émancipation et en même temps la noble forme vers laquelle la société actuelle se dirige par ses propres forces économiques, ils auraient à traverser de longues luttes et toute une série de progrès historiques, qui transformeraient les circonstances et les hommes; ils n’ont pas à appliquer un idéal, mais à dégager les élémens de la société nouvelle que contient en elle-même l’ancienne société qui s’écroule. » On reconnaît ici Marx et l’école historico-économique, dont l’esprit est complètement différent de celui du jacobinisme s’imaginant qu’on improvise une transformation sociale à coups de décrets. Mais on peut répondre aux chefs de l’Internationale : Si la société actuelle doit enfanter la société future en vertu de ses « propres forces économiques » et par a une série de progrès historiques », pourquoi employer la violence, pourquoi des insurrections et des coups de main ? Condamnez ces moyens des anciens révolutionnaires qui ne peuvent aboutir. Bientôt l’opposition entre les deux doctrines, — le socialisme «historico-scientifique » d’une part et le socialisme des ignorans et des violens de l’autre, — allait amener une scission et par suite la chute de l’Internationale.

En 1871, il n’y eut point de congrès. Une conférence de délégués se réunit à Londres le 27 septembre. On ne s’y occupa point de questions théoriques, mais des moyens de propagande. Voici ceux qui furent recommandés : étude des moyens d’attirer les ouvriers de la campagne, organisation de sections de femmes, alliance internationale des associations ouvrières par corps de métiers statistique générale de la situation des travailleurs, nécessité pour les ouvriers d’entrer dans le mouvement politique, même en s’alliant au radicalisme bourgeois. — Cette conférence ne fit qu’enregistrer