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groupes fédérés, dirige l’ensemble. Ces statuts étaient rédigés de façon à ne pas alarmer les gouvernemens et à échapper aux rigueurs de la justice répressive. — L’association est constituée, dit l’article premier, pour procurer un point central de communication et de coopération entre les ouvriers des différens pays aspirant au même but, savoir : « le concours mutuel, le progrès et le complet affranchissement de la classe ouvrière. » L’association affirme qu’elle reconnaît, ainsi que toutes les sociétés ou individus y adhérant, « la vérité, la justice et la morale comme base de sa conduite, » et elle prend pour devise : Pas de devoirs sans droits et pas de droits sans devoirs. C’était parler d’or. Comment les tribunaux auraient-ils songé à poursuivre ? — Les élémens de l’association sont les sections. Une section se compose des ouvriers adhérens d’une même localité ou d’un même métier qui se réunissent pour étudier et défendre leurs intérêts communs. Les sections d’une région se groupent pour former une fédération. Enfin, disent les statuts, « comme l’utilité du conseil général sera d’autant plus grande que son action sera moins disséminée, les membres de l’association internationale devront faire tous leurs efforts, chacun dans son pays, pour réunir en une association nationale les diverses sociétés existâmes. » On voit s’élever la pyramide de l’Internationale s’appuyant sur les divisions territoriales de la société actuelle : au bas de l’échelle, la commune, puis la province, résultant du groupement des communes, la nation du groupement des provinces, et enfin l’humanité du groupement des nations. C’est un idéal grandiose qui rappelle celui de l’église catholique. Mais, par défaut du principe d’autorité et d’obéissance, les sections ne sont jamais arrivées, même en France ou en Allemagne, au groupement national. Les sections et les fédérations nomment chacune un bureau qui est en relation avec le conseil général. Tous les mois les bureaux envoient un rapport sur la situation des associations de leur ressort. — Le conseil général est élu par les représentans des fédérations. Chaque congrès désigne le lieu et la date du congrès suivant. Le conseil général indique d’avance les questions à traiter. Il fait un rapport sur les travaux de l’année. Il publie un bulletin qui s’occupe de tout ce qui peut intéresser les ouvriers : offres et demandes de travail, salaires, progrès des sociétés coopératives, situation de la classe laborieuse dans les différens pays. Il entretient des relations permanentes avec les sociétés locales. Il choisit dans son sein le président, le secrétaire et le trésorier. Pour faire face aux dépenses permanentes du personnel et des publications, une cotisation est demandée aux membres de l’association. Ils paient d’abord, lors de leur adhésion, 0 fr. 50 pour leur carte d’affiliation, 0 fr. 10 par an pour le fonds général et en outre de 1 à 2 francs pour la section ou la fédération