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POÉSIE

COUCHER DE SOLEIL.



Venise, octobre 1879.


Le soleil, au couchant, enveloppait Venise
D’un long manteau de pourpre : ainsi le Titien
Drape la blonde enfant d’un vieux patricien.
Le grand canal roulait des flots d’or sous la brise.

J’étais sur le clocher de Saint-Marc, et l’église
Brillait, parée en l’air comme un temple païen.
La cité, libre et fière, en sa lagune assise.
Tendait son front au chaud soleil italien.

Au loin, blanchis déjà sous les neiges d’automne.
Les monts s’arrondissaient autour d’elle en couronne,
— Plus pâle, le soleil commençait à baisser,

Et je croyais sentir, au sein des mers profondes,
La ville, ses palais, et ses coupoles rondes,
Et la tour, et moi-même, avec lui s’enfoncer.