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1° couvrir les dépenses d’exploitation ; 2° rémunérer et amortir le capital de premier établissement. Il doit être fait deux parts dans cette perception : la première, représentant le prix du transport, la seconde le prix du péage.

Cette double opération pourrait être confiée à des mains différentes : une compagnie construirait et percevrait le montant du péage; une autre exploiterait et toucherait le prix du transport. Nous en avons des exemples : les canaux de navigation ont été construits par l’état ou par des compagnies qui perçoivent un péage sous le titre de droits de navigation; le transport est effectué par des compagnies ou par des particuliers auxquels le commerce paie le transport. En France, les compagnies de chemins de fer ont réuni les deux opérations : elles sont à la fois compagnies de construction et compagnies de transport; les recettes sont affectées, d’abord à payer les frais d’exploitation, et ensuite le capital de premier établissement est plus ou moins rémunéré suivant que l’exploitation a donné plus ou moins de bénéfices.

En général, le public est persuadé que rien n’est plus confus ni plus inextricable que la question des tarifs des chemins de fer, et il est de mode de placer dans la discussion les titres variés de « tarifs généraux, tarifs spéciaux, communs, différentiels, de transit, d’exportation, etc. » Toute cette complication n’est qu’apparente ; il suffit d’une étude sommaire pour ne pas s’égarer dans ce prétendu labyrinthe; mais, dans notre temps de parlementarisme, il est admis qu’on a le droit de parler des choses qu’on connaît le moins. Il est, en effet, plus commode de dire de grands mots que d’étudier les affaires et surtout que de donner de bonnes raisons. On a fait des tarifs des chemins de fer un tel épouvantail que beaucoup de gens n’osent pas en aborder l’étude. Cette étude est pourtant facile et à la portée de tout le monde, surtout si l’on ne cherche pas à pénétrer trop avant dans les détails; elle est dominée et régie par un petit nombre de principes dont il est aisé de se rendre compte.

Quand le gouvernement a concédé un chemin de fer, il a autorisé la compagnie à percevoir des taxes; ces taxes sont extrêmement simples, surtout si on les dégage des nombreux articles auxquels le public est indifférent.

Pour les voyageurs, trois classes : chaque voyageur paie par kilomètre : 0 fr. 10 pour la première classe ; 0 fr. 07 1/2 pour la seconde classe; 0 fr. 05 1/2 pour la troisième classe.

Pour les marchandises, deux catégories : la grande et la petite vitesse.

Pour les marchandises transportées à grande vitesse, une seule classe, quelle que soit la nature de la marchandise; fr. 36 par tonne et par kilomètre.