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devient très délicate, trop délicate même pour que nous puissions la résoudre. Il faudrait pouvoir apprécier la force contributive de la nation brésilienne, et nous ne sommes pas à même de faire cette appréciation. Depuis dix ans, la valeur des exportations reste absolument stationnaire, fait qui révèle une stagnation évidente dans la production locale. Par contre, dans un pays aussi riche que le Brésil, un essai heureux de colonisation, l’ouverture rapide de nouvelles voies de communication, peuvent, en quelques années, décupler la force productive. Enfin l’état possède un réseau de chemins de fer qu’il exploite, qui donne de très beaux rendemens et dont l’aliénation sera toujours pour lui une ressource puissante. En un mot, pour préjuger l’avenir, il faudrait prévoir la conduite future du gouvernement, et, par bonheur, ce gouvernement a mérité jusqu’à présent toute confiance ; l’étude que nous venons de faire nous l’a montré toujours en avant de la nation dans la voie du progrès. Qu’il s’agisse de colonisation, d’industrie ou de chemins de fer, nous l’avons toujours vu prodiguer les exemples ou les encouragemens. Arrêter le gaspillage administratif dans les provinces, empêcher les allocations inscrites au budget d’être détournées de leur affectation au grand profit d’intermédiaires peu scrupuleux, établir une sévère économie dans les dépenses publiques, mais doter largement les services plus spécialement appelés à développer la prospérité nationale, et choisir des hommes dignes de le représenter, tel doit être dorénavant son objectif. Pour qu’il puisse l’atteindre, il faut que la nation elle-même le soutienne dans ses efforts et se montre digne du souverain placé à sa tête ; il faut que les théories purement spéculatives ne viennent pas entraver les plus louables et les plus fécondes tentatives ; il faut, en un, mot, que le peuple du Brésil s’inspire des enseignemens de notre baron Louis et qu’en faisant de bonne politique il se prépare de bonnes finances.


PAUL BERENGER.