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planteurs se sont découragés. Le gouvernement s’est ému de cette décadence, et l’on songe aujourd’hui à favoriser l’établissement d’usines centrales ou moulins à sucre pourvus de tous les moyens de fabrication les plus perfectionnés. L’état ou les provinces garantissent un intérêt de 7 pour 10 aux capitaux engagés dans la construction de ces usines. Les constructeurs ou les futurs exploitans sont, en échange, soumis à certaines obligations stipulées en faveur de l’agriculture ou pour le développement de l’instruction primaire. La compagnie française des ateliers de Fives-Lille, si nous sommes bien informés, vient de traiter pour la mise en exercice de cinq établissemens de ce genre dans les provinces de Bahia et de Pernambuco.

Presque tout le sol de l’empire se prête à la culture de la canne, cependant les provinces où cette culture est plus répandue sont, outre les deux que nous venons de citer, celles d’Alagoas, de Sergipe et de Rio-de-Janeiro. On voit très souvent dans le nord, assure un document officiel[1], des plantations de cette espèce durer seize, dix-huit et vingt ans, en donnant de bons rendemens. « Dans la province de Matto-Grosso, la canne se développe tellement sur le bord des rivières qu’il est souvent nécessaire d’émonder les plantations afin de combattre cette exubérante production. On y voit des plantations qui ont quarante années d’existence et qui conservent une vigueur suffisante. » Hâtons-nous d’ajouter que la province de Matto-Grosso est située dans l’intérieur, qu’il faut plus d’un mois pour se rendre du centre du pays aux lieux d’exploitation, et que l’éloignement rend pour les propriétaires l’écoulement de leurs produits difficile. En réalité et en l’état actuel des voies de communication, il n’y a guère que les productions des localités situées à peu de distance des côtes ou d’un grand fleuve, qui puissent intéresser le commerce étranger. Le sucre brut est exporté surtout pour l’Angleterre. Le Portugal et les républiques de l’Amérique du Sud en consomment aussi quelque peu.

Le principal article d’exportation est le café. En 1877-1878, l’exportation totale de l’empire dépassait, pour cet article, 226 millions de kilogrammes valant plus de 318 millions de francs, c’est-à-dire plus de la moitié des exportations générales. Néanmoins, depuis dix ans, les quantités exportées sont restées à peu près les mêmes. On attribue cette stagnation des affaires à plusieurs causes : d’abord aux tarifs élevés des transports par chemin de fer, ensuite aux procédés très primitifs de culture employés par les planteurs qui ne se préoccupent ni de l’épuisement du sol, ni de la qualité de leurs produits, enfin au grand nombre d’intermédiaires qui

  1. L’Empire du Brésil à l’Exposition universelle de Philadelphie de 1876.