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Angleterre 10,770,540 kilog. de beurre frais et salé, 58,973 kilog. de fromages, et 22,905,262 œufs ; en 1876, ces exportations ont été de 31,202,240 kilogrammes de beurre, 440,893 kilogrammes de fromages et 31,684,882 œufs. On prétend qu’il se manifeste aujourd’hui un certain ralentissement dans le commerce du beurre, surtout dans celui de provenance bretonne, auquel tend à se substituer le beurre américain. Le commerce des fruits et des légumes s’est également développé dans une proportion énorme. Autrefois, dès le mois de novembre, on était, dans les départemens du nord et du centre, réduit au régime des pommes de terre et des légumes secs ; aujourd’hui, les départemens du midi et de l’Algérie nous fournissent des fruits et des légumes frais pendant toute l’année et en expédient pour plus de 30 millions à l’étranger.

Le total des exportations des produits agricoles de toute nature, qui en 1860 était de 669,469,000 francs[1], s’est élevé, en 1872, à 1,179,803,000 francs. Le total des importations des mêmes produits, qui en 1860 était de l, 467,249,000 francs, a atteint en 1872 la somme de 2,359,398,000 francs. Dans le chiffre des importations sont comprises, non-seulement celles provenant de l’Algérie et des colonies, mais aussi celles des matières premières comme le coton en laine que la France ne produit pas, ou comme les bois de construction qu’elle produit en trop petite quantité pour ses besoins. Il n’en est pas moins vrai que l’ensemble des transactions auxquelles les produits agricoles ont donné lieu entre la France et l’étranger, y compris l’Algérie et les colonies, a passé de 1,849,272,000 en 1860 à 3,826,647,000 francs en 1872, et que les cultivateurs comme les consommateurs ont dû y trouver leur compte, puisque les premiers ont pu vendre au dehors les produits de notre sol, et que les seconds ont pu se procurer à l’étranger ceux que notre pays ne fournit pas ou ne fournit que d’une manière insuffisante.

Ce n’est pas seulement le rendement de la terre qui a augmenté, et les prix des denrées qui se sont élevés ; il y a eu aussi accroissement du bien-être général et ce bien-être ne s’est pas seulement répandu dans la classe des propriétaires ou des fermiers, mais il a pénétré dans la classe ouvrière, dont les salaires ont considérablement haussé. Dans la plupart des départemens, ils ont presque doublé ; les ouvriers nourris, qui, en 1860, recevaient 200 francs par an, touchent aujourd’hui de 400 à 500 francs ; les autres, qu’on payait 1 fr. 50, reçoivent 3 francs par jour en temps

  1. Voir le discours de M. de Kergorlay a la séance publique de la Société centrale d’agriculture du 18 mai 1873.