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La culture du blé est surtout abondante dans le Gers, elle y produit en moyenne 13h.67 à l’hectare ; celle du maïs au contraire l’emporte dans la Dordogne, les Landes et les Basses-Pyrénées. Les petites exploitations avec le faire-valoir direct dominent dans la Gironde et les Charentes ; dans les Landes, au contraire, ce sont les exploitations moyennes et le métayage qui prévalent.

La région des montagnes du centre comprend les départemens de la Creuse, de la Corrèze, du Puy-de-Dôme, de la Loire, de la Haute-Loire, du Cantal, de l’Aveyron et de la Lozère. Elle est connue sous le nom de plateau central et présente une partie mamelonnée, une autre en montagnes et une troisième en plateaux élevés souvent étendus et sillonnés de vallées étroites. Dans toute la partie montagneuse, les hivers sont longs et froids, les étés chauds et orageux. Au nord de la région, s’étend la Limagne, vaste plaine de 60 lieues carrées produisant en abondance des fruits, des céréales et du fourrage. Dans le surplus, le sol granitique se prête mal à la culture du blé, et des amendemens calcaires seraient nécessaires pour obtenir un rendement rémunérateur ; aussi le sarrasin et le seigle sont-ils presque les seules céréales qu’on y rencontre. On tend aujourd’hui à multiplier les pâturages et à développer l’élève du bétail, qui peut devenir pour les habitans une source de bien-être. Autrefois la plus grande partie de ces montagnes était couverte de bruyères ; aujourd’hui des châtaigniers touffus, au tronc crevassé, ombragent les vallées, tandis que la plupart des sommets sont occupés par des taillis de chêne et des semis de pins. Un trop grand nombre encore sont dénudés et appellent la transformation en bois productifs des misérables pacages qui nourrissent avec peine les troupeaux de moutons qu’on y promène.

La culture proprement dite est assez arriérée, et le seigle n’y donne guère que 12h. 23 à l’hectare ; le blé 13h. 29. Les petites propriétés sont groupées autour de villages de 10 à 12 feux dont il faut une vingtaine pour faire une commune. Mais ces villages trop souvent malpropres, avec leurs maisons basses et mal aérées, avec leurs fumiers lavés par les pluies et encombrant les chemins, dénotent encore la misère et l’ignorance des habitans. Aussi la plupart d’entre eux émigrent-ils, soit seulement pendant l’hiver pour chercher de l’ouvrage au dehors, soit d’une manière permanente pour ne revenir au pays qu’après avoir réalisé quelques économies. Il ne faut pas trop s’en plaindre, car l’industrie pastorale, qui doit être la base de l’économie rurale de cette région, exige peu de bras, et il est naturel que ceux qui ne trouvent pas à s’y employer cherchent ailleurs des occupations. Il est peu de contrées plus pittoresques que le Limousin et, à mesure que de nouvelles voies de communication en faciliteront l’accès, il est probable que de nombreux