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devenu sensible, tandis que le côté gauche aura perdu sa sensibilité. Il semble que sous l’influence des forces électriques développées par l’aimant, la maladie, ne pouvant disparaître, se déplace, et que l’insensibilité du côté maladie, devenu sain, ait été gagner le côté primitivement sain. Cette mobilité dans les phénomènes n’exclut-elle pas toute hypothèse d’une lésion matérielle profonde des centres nerveux ?

Tous ces faits de métallothérapie et de magnétothérapie ont un grand intérêt en physiologie comme en clinique ; mais l’exposé en est fort aride ; et je crains que ce court aperçu ne paraisse encore trop long. D’ailleurs, j’ai hâte d’arriver à la description des symptômes qu’on pourrait appeler démoniaques, et qui constituent la grande attaque d’hystéro-épilepsie.

Il n’est peut-être pas de spectacle plus effrayant que celui de ces accès démoniaques. Le corps est agité de tremblemens et de secousses violentes. Tous les muscles sont contractés, tendus au point qu’on les croit toujours sur le point de se rompre. Des bonds prodigieux, des cris et des hurlemens épouvantables, des vociférations confuses, des contorsions inouïes qu’on n’aurait jamais supposé une créature humaine capable de faire, tel est le hideux tableau que présente une hystérique lorsqu’elle est en proie à une attaque. On s’étonne moins, lorsqu’on a assisté à des scènes de cette nature, que la naïve crédulité des hommes du moyen âge y ait vu l’intervention des esprits malins et ait supposé que les démons seuls peuvent provoquer un si furieux déchaînement de toutes les forces du corps humain.

Cependant, à mesure qu’on étudie de plus près les attaques d’hystérie épileptique, on s’aperçoit que, malgré ce désordre violent, la maladie présente des périodes régulières, bien distinctes. Rien n’est livré au hasard. Chaque symptôme, quelque désordonné qu’il paraisse, se manifeste à son heure avec une régularité, je dirais presque une ponctualité surprenante. M. Charcot et ses élèves[1] ont montré qu’il y avait à l’accès démoniaque trois périodes bien caractérisées.

La première période est analogue à l’attaque d’épilepsie proprement dite. Brusquement il y a perte de connaissance. La malade tombe par terre. Ses muscles se contractent, se raidissent ; la face

  1. Paul Richer, Étude descriptive de la grande attaque hystérique, 1879. Les nombreux dessins annexés à ce travail, ainsi que les belles photographies de MM. Regnard et Bourneville (Iconographie photographique de la Salpêtrière), permettent de se faire une très bonne idée, des différentes périodes qui se succèdent pendant l’attaque d’hystérie épileptique.