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projet de loi Ferry. » Néanmoins la question n’est votée que par 24 voix contre 13 abstentions.

Dans le Cantal, la discussion, après s’être égarée, finit par aboutir au vote d’un ordre du jour pur et simple ; mais ce vote n’intervient qu’à la suite d’un incident bien significatif. Appelé à voter sur un projet de vœu « tendant au rejet de l’article 7 et à l’adoption du reste de la loi, » le conseil s’était prononcé de la façon suivante : sur le premier point, 13 voix pour, 8 voix contre ; sur le second, 7 voix pour, 10 voix contre. Ces chiffres sont concluans. Voici qui est plus explicite encore. « Convaincu que le gouvernement fera tous ses efforts pour concilier la liberté d’enseignement avec ses droits de haute surveillance, passe à l’ordre du jour ; » — « Considérant que le vœu présenté semble prêter aux pouvoirs publics le désir de porter atteinte aux principes de l’autorité paternelle et de la liberté d’enseignement que tout le monde admet et respecte, passe à l’ordre du jour, » ainsi s’expriment les conseils généraux de la Haute-Loire et de l’Oise.

Voilà donc au résumé six conseils généraux qui n’ont pas émis de vœux, mais dont l’opinion n’est pas douteuse. L’un, celui de l’Aude, est favorable ; les cinq autres sont manifestement contraires. En sorte que pour être véridique, ce n’est pas 39 et 31 que la statistique ministérielle aurait dû dire, mais 44 et 32, soit un écart de 12 au lieu de 8.

Mais ce n’est pas tout ; au nombre des vœux émis par les conseils généraux s’en trouve un qui figure à part sous cette ingénieuse rubrique : « vœu mixte. » C’est celui d’Ille-et-Vilaine. Or nous voyons bien en nous reportant au procès verbal de la séance, que le conseil d’Ille-et-Vilaine a émis le vœu « que le gouvernement persévère dans ses justes revendications ; » mais, — il y a un mais, — « que l’article 7 soit repoussé pour laisser pleine et entière liberté aux pères de famille dans le choix des maîtres chargés de l’éducation de leurs enfans. » Franchement, pour qualifier ce vœu de mixte, il faut que l’auteur de la statistique en ait eu grand désir ou qu’il entende bien mal le français. Nous ne pouvons, quant à nous, imaginer que le fait de se prononcer contre l’article 7 soit susceptible de deux interprétations, et nous n’hésitons pas à renvoyer le vœu du conseil général d’Ille-et-Vilaine à la colonne des vœux contraires, qui se trouvent dès lors portés à 45.

Ainsi quarante-cinq et trente-deux, telle est au vrai la proportion des conseils généraux contraires et des conseils généraux favorables aux projets de M. le ministre de l’instruction publique. Encore omettons-nous à dessein d’introduire dans ce relevé certaines données qu’on pourrait contester, quoiqu’elles aient une