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l’ont fixée. Depuis 1871, nos assemblées départementales ont pris l’habitude de considérer comme de leur domaine tout ce qui se rapporte à l’instruction publique, et vraiment on ne saurait les en blâmer. C’est bien le moins que, appelées à voter des dépenses souvent considérables pour nos écoles, elles aient voix consultative au chapitre. La prétention n’a rien d’outré ni de séditieux : le gouvernement lui-même, après quelques tergiversations qui n’ont pas laissé d’être plaisantes, a fini par le reconnaître. Il a contenu le zèle de ses préfets qui étaient déjà bravement partis en guerre. A la vérité, ses instructions sont arrivées un peu tard, et il s’en est suivi de singulières cacophonies lors de la session d’avril. Du nord au midi, de l’est à l’ouest, suivant la latitude et le méridien, le langage des représentans de l’administration a varié ; nous avons vu dans le même temps, presque au même moment, tel préfet dire blanc et tel ministre dire noir. Mais ce discord a peu duré, somme toute, et quand la session d’août est venue, hâtons-nous de le dire, il ne s’est pas reproduit. Tout au contraire, à ce moment, il a paru que l’administration mettait autant d’ardeur à provoquer, au sein des conseils généraux, une discussion approfondie des projets de M. le ministre de l’instruction publique qu’elle y avait apporté de retenue dans le principe. Explique qui pourra ce mystère, nous ne nous en chargeons pas. Il nous suffit de constater que les vœux émis par la plupart de nos assemblées départementales constituent dans la pensée du gouvernement lui-même une manifestation parfaitement légale, qu’aucune irrégularité n’entache et dont nous avons par conséquent le droit de nous emparer. Cela posé, voyons ce qu’a été cette manifestation ; tâchons d’en dresser le bilan. Nous avons précisément sous les yeux, pour nous y aider, un travail inédit préparé dans les bureaux du ministère de l’instruction publique et qui n’était pas, au moins quant à présent, destiné à la publicité. On a bien voulu, d’autre part, nous communiquer les résultats d’une enquête très consciencieuse faite pendant les vacances parlementaires auprès des conseils généraux. En puisant à cette double source, nous ne risquerons pas de nous égarer.

D’après la statistique ministérielle, sur 87 conseils généraux, — nous omettons à dessein celui de la Seine, qui relève d’une législation spéciale, — 38 auraient émis des vœux contraires aux projets du gouvernement, 30 en auraient émis de favorables, 8 auraient voté la question préalable ou l’ordre du jour, 7 se seraient abstenus, 1 aurait émis un vœu mixte, 2 (Rhône et Corse) ne s’étaient pas encore prononcés (au 1er septembre), mais l’ont fait depuis, l’un pour, l’autre contre, ce qui porte à 39 le nombre des vœux contraires et à 31 le nombre des vœux favorables. Telles sont les données acceptées par l’administration de l’instruction publique et qu’on n’a pas cru