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réflexion. Les lecteurs qui seraient plus particulièrement curieux de cet art asiatique en général feuilleteront avec plaisir et liront avec intérêt le beau volume où l’on a rassemblé sous ce titre, l’Art ancien à l’Exposition de 1878[1], d’excellentes études vraiment dignes de demeurer comme un souvenir de l’exposition. La première partie traitant de l’art grec et romain, la seconde de l’art du moyen âge et la troisième de l’art asiatique, ils auront sous les yeux toutes les pièces du procès et une inépuisable matière de comparaison.

La Mongolie et le Pays des Tangoutes[2] de M. N. Prjévalski, est encore un récit de voyage et d’exploration. Il fait partie de cette collection déjà si riche que publie la maison Hachette et qui contient les grands voyages, voyages dramatiques, des Livingstone, des Stanley, des Baker, des Burton, sans oublier les récits humoristiques de M. Hepworth Dixon : la Conquête blanche et la Russie libre. Le récit original de M. Prjévalski, traduit du russe, est précédé, sous le titre modeste d’Observations préliminaires, d’un remarquable morceau de critique où sont appréciés et jugés, par un juge de beaucoup de science-et d’une compétence peu commune, les différens voyages d’exploration de la haute Asie que nous possédions à ce jour. On pourra compléter cette bibliothèque de voyages en y joignant le second volume de M. R. Cortambert, Mœurs et Caractères des peuples[3] : c’est une suite d’extraits, habilement faits, et tous ou presque tous signés de noms diversement célèbres, une page de Chateaubriand à côté d’une page de Lamartine, un fragment d’Abel Rémusat à côté d’un fragment du baron de Hübner, d’Anquetil-Duperron à côté de Dumont d’Urville.

Quant à ceux dont l’imagination aime à courir les aventures, c’est à M. Jules Verne que nous les adressons. Nous n’approuvons pas beaucoup, en dépit de l’Académie française, les Voyages extraordinaires de M. Jules Verne, et nous résistons pour notre part au succès qu’on leur a fait. Il y a quelque danger pour l’esprit de beaucoup de lecteurs dans ce mélange de la fiction avec la réalité scientifique, et d’autant plus grand que le mélange est plus habilement fait, que M. Jules Verne est un plus agréable conteur et qu’il a plus d’art et de talent d’écrire. A la vérité, son volume de cette année, les Tribulations d’un Chinois en Chine et les Cinq cents millions de la Bégum[4], n’offre pas sous ce rapport les mêmes dangers que tel Voyage au centre de la terre, quoiqu’il y eût beaucoup à dire encore sur la façon dont M. Jules Verne entrevoit, par exemple, l’artillerie de l’avenir. Nous convenons donc que rien ne se lit avec plus de rapidité, ni ne fait passer plus agréablement

  1. L’Art ancien à l’Exposition de 1878,1 vol. in-4o ; Quantin.
  2. La Mongolie et le Pays des Tangoutes, 1 vol. in-8o ; Hachette.
  3. Mœurs et Caractères des peuples, par M. R. Cortambert, 1 vol. in-8o ; Hachette.
  4. Les Tribulations d’un Chinois en Chine, par M. J. Verne, 1 vol. in-8o ; Hetzel.