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moins à ces images de fantaisie qu’on nous donne quelquefois dans les livres de ce genre. Ces amphores ont été dessinées sur les modèles du musée Campana ; ce lit dont vous voyez l’image est un lit retrouvé dans une maison de Pompéi ; cet as ou cette médaille, d’une attribution incontestable, figure dans quelque collection célèbre, et si la reproduction né vous en suffisait pas, vous avez au bas de la page toutes les indications qui vous permettront d’aller de vos yeux contempler l’original, de telle sorte que quand ce grand ouvrage enfin sera terminé, nous aurons, avec l’Histoire des Romains, rassemblée dans ces beaux volumes, une véritable encyclopédie des antiquités romaines.

Je voudrais pouvoir louer aussi largement le dernier volume de l’Histoire de France de M. Guizot[1] ; mais il y faudrait trop de bonne volonté. Ce dernier volume, sous le rapport de l’illustration, nous semble singulièrement au-dessous des précédens. Mais il n’y a que demi-mal, car beaucoup de personnes penseront qu’on eût bien fait d’arrêter à 1830 cette histoire contemporaine, et qu’il n’appartenait pas à M. Guizot de nous raconter à titre d’historien, c’est-à-dire de juge, les années qui se sont écoulées de 1830 à 1848.

Après les livres d’art, les livres d’histoire, après les livres d’histoire, les livres de voyages : et d’abord le cinquième volume de la Géographie universelle de M. Elisée Reclus[2]. Voilà un livre dont on peut dire qu’il a tenu toutes les promesses de ses commencemens, sans que la patience, l’érudition de l’auteur, la sûreté de ses informations, l’abondance de ses renseignemens, et son talent d’exposition aient un seul instant fléchi. Si l’on pouvait faire un seul reproche à M. Reclus, mais un reproche si rare qu’il vaut bien un éloge, ce serait qu’il se souvient trop parfois, en pareil sujet, qu’il est un écrivain, et qu’il donne à ses descriptions scientifiques une couleur presque trop poétique. Le présent volume contient la description de l’Europe Scandinave et de la Russie. Comme les précédens, il est illustré de nombreuses cartes et de très curieuses gravures. Quand M. Reclus aura terminé ce grand ouvrage, cette Géographie sera comme la carte générale où les récits des voyageurs viendront tracer les provinces, et leurs récits ne seront peut-être pas toujours beaucoup plus détaillés ni plus intéressans à lire que les pages de M. Reclus. Ce n’est pas au moins pour la Suisse de M. Jules Gourdault que nous disons cela[3]. Le premier volume avait paru l’année dernière, à cette même époque de fin d’année, le second

  1. L’Histoire de France depuis 1789 jusqu’en 1848 racontée à mes petits-enfans, par M. Guizot. t. II, 1 vol. in-8o ; Hachette.
  2. Géographie universelle, t. V, l’Europe Scandinave et russe, par M. Elisée Reclus, 9 cartes en couleurs, 200 cartes dans le teste et 80 gravures, 1 vol. in-8o ; Hachette.
  3. La Suisse. Études et voyages, par M. Jules Gourdault, 1 vol. t. II, 375 gravures, in-4o ; Hachette.