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même de la question que des conditions dans lesquelles elle se-présentait devant les puissances européennes. « Jusqu’à présent, faisait-il remarquer, il n’y a eu aucun acte, aucune démarche, aucun document impliquant une violation du droit public ou un manquement aux stipulations des traités. Une alliance comme celle que l’on propose manquerait donc de base et n’aurait pas sa raison d’être. »

Il n’entre pas dans notre plan d’exposer les négociations et les pourparlers qui précédèrent la guerre d’Italie. Cette étude a été faite ici même avec une haute compétence et de la manière la plus intéressante par M. de Mazade. Nous ne voulons que mettre en lumière, d’après les documens dont quelques-uns sont révélés pour la première fois au public, l’attitude de l’Angleterre et spécialement le rôle personnel de la reine Victoria et du prince Albert dans ces circonstances critiques.

A mesure que les événemens se précipitaient et que la situation s’aggravait, l’intimité entre l’Angleterre et la Prusse devenait plus étroite. Le prince régent faisait une démarche significative. Il envoyait à Londres le comte Perponcher, porteur d’instructions confidentielles. En même temps il adressait au prince Albert une lettre longue et détaillée qui est à lire et à citer, aujourd’hui surtout que le prince régent est devenu l’empereur Guillaume Ier et que ses idées sur le droit international ont changé du tout au tout.


Le prétexte de la guerre qu’on projette est la forme de gouvernement des états italiens. La vraie cause est le désir d’agrandissement qu’éprouve la Sardaigne. Et les gouvernemens qui n’ont rien à voir dans cette affaire sont invités à y prendre parti Quel est le principe de droit international qui nous autorise à faire la guerre à un état, parce que nous ne sommes pas satisfaits de la forme de son gouvernement ? Et à quel titre serions-nous obligés de seconder l’injustifiable désir qu’éprouve un état de s’agrandir aux dépens d’un autre ?

Il y a une raison qui pousse Napoléon à la guerre : c’est cette idée qu’un Napoléonide est obligé de briser les traités de 1815, dès que l’occasion lui est offerte de le faire. A cela il n’y a qu’une chose à répondre, c’est que tous les autres gouvernemens sont tenus de défendre ces mêmes traités. Si la France était parfaitement convaincue de cette vérité, elle y regarderait à deux fois avant de faire la guerre.

Mais, d’un autre côté, il faut exhorter l’Autriche à s’abstenir de toute démarche provocatrice en Italie. « Quiconque provoquera à la légère, aura de la peine à trouver des alliés. » Voilà la phrase que je répète habituellement aux diplomates étrangers. Elle exprime ma ferme conviction.

Quant à la Prusse, voici la question qui se pose pour elle. Que doit-elle faire si la France appuie l’Italie dans une lutte contre l’Autriche ? L’opinion publique, depuis un mois, s’est prononcée en Allemagne avec