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obligé de refaire à fond quand on veut s’en servir, qui vous éloigne de Virgile par la peine qu’on a endurée en l’expliquant, d’Horace par le souvenir des pleurs versés sur ses plus plaisantes satires, de tous les autres qu’on ne regarde plus qu’en frémissant : voilà la vérité sur les vieux systèmes. Ajoutez à tant de raisons tirées de l’expérience que, si les principes de grammaire surpassent la portée des jeunes intelligences, elles ne sont guère plus en état de saisir le fond des choses contenues dans les ouvrages sur lesquels on les exerce. A qui donc les langues anciennes sont-elles d’une utilité absolue ? A personne, si ce n’est aux poètes, aux orateurs, aux érudits et aux autres classes de littérateurs de profession, c’est-à-dire aux états de la société les moins nécessaires[1].

En conséquence de ces principes, il faudra ordonner les études d’après le principe de leur généralité, commencer par celles qui conviennent à tous les hommes dans toutes les conditions, terminer par celles qui ne conviennent qu’à quelques-uns. Tous ne sont pas capables, ou par la médiocrité de leur intelligence ou par celle de leur fortune, de suivre jusqu’au bout ce cours d’études. Les uns iront jusqu’ici, d’autres jusque-là ; quelques-uns un peu plus loin ; mais à mesure qu’ils avanceront, le nombre diminuera. Il faut donc que les premières classes comprennent l’enseignement qui convient à tous, quelle que soit la diversité des conditions futures, et que les dernières embrassent les enseignemens les plus particuliers. C’est l’utilité plus ou moins générale qui déterminera l’ordre de l’enseignement, l’utilité de l’enseignement diminuant à mesure que l’on montera et avec elle le nombre probable des auditeurs. La première classe aura pour programme d’études l’arithmétique, l’algèbre, le calcul des probabilités, la géométrie ; la seconde classe, les lois du mouvement et de la chute des corps, les forces centrifuges, la mécanique et l’hydraulique ; la troisième classe, la sphère et les globes, l’astronomie avec ses dépendances ; la quatrième, l’histoire naturelle, la physique expérimentale ; la cinquième, la chimie et l’anatomie ; la sixième, la logique, la critique, la grammaire générale raisonnée ; la septième, la langue russe et la langue esclavone par principes ; la huitième classe, le grec et le latin, l’éloquence et la poésie. — Parallèlement à cet enseignement réparti sur huit années, un autre cours d’études se développe en se continuant pendant le même nombre d’années. A la première classe correspondra l’enseignement des premiers principes de la métaphysique, de la morale, de la religion naturelle et de la religion révélée. A la seconde classe correspondront l’histoire et la

  1. Pages 469-472.