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il y a quelques mois, célébrait sa cinquantaine. À côté du vénérable M. Henzen, qui s’occupe surtout d’épigraphie, M. Helbig est chargé de ce qui concerne l’archéologie figurée. C’est une science qu’on peut appeler nouvelle, car elle n’a guère plus d’un siècle d’existence. Winckelmann fut le premier qui, dans son Histoire de l’art critique, fit connaître avec quelle méthode et dans quel esprit on doit interpréter les monumens de la Grèce et de Rome. Ce fut presque une révélation : l’Allemagne savante se précipita vaillamment à la suite de l’illustre érudit vers ces études qu’il avait renouvelées, et comme son exemple prouvait qu’il faut vivre au milieu de ces monumens eux-mêmes, et pour ainsi dire dans leur familiarité, pour en avoir la pleine intelligence, elle a voulu établir à Rome, sur le Capitole, une écore archéologique où ses jeunes savans viendraient se former. M. Helbig est l’un des élèves de cette école, et il en était à peine sorti qu’il y est revenu pour la diriger. On n’a pas hésité, malgré sa jeunesse, à le mettre à la place de M. Brunn, qui allait occuper une chaire à l’université de Munich, et il a montré, par ses travaux, que cet héritage périlleux n’était pas trop lourd pour lui.

Les fonctions de M. Helbig l’avaient jusqu’à présent retenu dans l’étude des arts anciens, et il semblait destiné à n’en pas sortir, lorsqu’on l’a vu, dans ces derniers temps, se tourner tout d’un coup vers l’archéologie préhistorique. Ce changement inattendu a surpris, et même scandalisé, quelques personnes. On a eu peine à comprendre qu’il abandonnât ainsi le terrain solide de l’antiquité classique pour les époques primitives, où jusqu’ici tout paraît incertain ; on s’est demandé comment il avait le courage de préférer aux chefs-d’œuvre de Polygnote et de Phidias l’étude des haches de bronze et des flèches en si ex.

M. Helbig avait répondu d’avance à ces objections, et expliqué, dans la préface d’un de ses livres les plus récens[1], de quelle manière cette curiosité nouvelle lui état venue. Après s’être longtemps occupé des arts, il a voulu connaître les métiers ; il lui a semblé qu’il n’était pas juste de négliger tout à fait, ce qui est nécessaire à l’existence pour ce qui en fait l’agrément et la parure. Des artistes il est donc descendu aux ouvriers, et dans son désir de nous donner une histoire du travail chez les nations anciennes, il a voulu remonter aux origines mêmes de ces nations et voir comment elles apprirent à se servir des métaux et à façonner l’argile. Il se trouve précisément que quelques curieux, en fouillant dans les plaines de la Haute-Italie le terrain que les gens du pays

  1. Cet ouvrage est intitulé : Die Italiker in de Poebene. Beiträge zur altitalischen Kultur und Kunstgeschichte ; il a paru en 1879.