Page:Revue des Deux Mondes - 1879 - tome 35.djvu/485

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car en 1780 il obtint la chaire de calcul différentiel à l’académie de Palerme, et six ans après le roi Ferdinand consentit à faire construire un observatoire dont Piazzi devait être le premier directeur. Ce dernier se rendit d’abord à Paris, chez Lalande, qui l’initia au maniement des instrumens, puis en Angleterre, où il prit les conseils de Maskelyne et commanda au célèbre Ramsden un cercle vertical. On appelle ainsi un appareil qui se compose essentiellement d’une lunette fixée à un cercle divisé de grande dimension; ce cercle, placé verticalement, peut tourner avec la lunette dans son propre plan. L’instrument construit par Ramsden, d’un modèle tout nouveau, fut trouvé si parfait que les astronomes anglais eussent voulu le garder, et Piazzi dut recourir à l’intervention du gouvernement napolitain pour obtenir qu’il pût l’emporter en Sicile. Le duc de Marlborough lui offrit vainement la direction de son observatoire. Piazzi revint à Palerme en 1789, et les architectes se mirent à l’œuvre pour lui bâtir des salles d’observation sur la terrasse de la tour carrée du palais royal. Cette tour, de construction arabe et d’une solidité comparable à celle des constructions romaines (les murs ont 5 mètres d’épaisseur à la base et 2 mètres au sommet), dominait tous les édifices de la ville et offrait un horizon presque complètement découvert.

C’est là que Piazzi établit son cercle vertical et sa lunette méridienne, et dès que les instrumens furent réglés, il se mit à observer d’une manière méthodique les étoiles fixes qu’il désirait cataloguer. Chaque étoile fut observée cinq fois pendant cinq jours consécutifs, et l’on reprenait les mesures s’il y avait entre les déterminations successives des différences trop fortes. En opérant ainsi, on se mettait à l’abri des erreurs d’observation et des fautes de calcul qui se glissent si facilement dans les déterminations isolées, Piazzi poursuivait ses observations depuis huit ans quand il fut récompensé de ses peines par une découverte éclatante qui lui valut beaucoup d’honneur. Le 1er janvier 1801, il avait déterminé la position d’une petite étoile qui, le soir suivant, s’était manifestement déplacée. Il vérifia ses observations le 3 et le 4, et put constater qu’il avait affaire à un astre errant. Le lendemain, le ciel était couvert; Piazzi ne revit son étoile que le 10, mais il put la suivre jusqu’au 23 et déterminer sa route avec beaucoup de précision. « J’ai annoncé cette étoile comme étant une comète, écrit-il à Oriani le 24 janvier, mais elle n’est accompagnée d’aucune nébulosité, et son mouvement très lent et presque uniforme me fait penser que c’est peut-être quelque chose de mieux qu’une comète. » Il avait en effet découvert la première des petites planètes qui circulent entre Mars et Jupiter, et il lui donna le nom de Cérès Ferdinandea. Le roi de Naples fit frapper une médaille commémorative de cet événement et gratifia Piazzi d’une pension de 200 onces. Quelques années plus tard, Olbers et Harding trouvèrent à leur tour Pallas, Junon et Vesta; mais c’est en