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de l’église de Brera, appropriée à cette destination par des travaux de maçonnerie qui en consolidèrent les voûtes. De 1833 à 1862, il n’interrompit pas un seul jour ses travaux habituels. Il avait conservé jusqu’à soixante-dix-neuf ans une activité presque égale à celle d’un jeune homme, et, prêchant d’exemple, il observait chaque nuit. La succession de Carlini échut, en 1862, à M. Schiaparelli, qui soutient dignement la vieille réputation de l’établissement dont il a la charge. On connaît ses importantes recherches sur l’origine des étoiles filantes et sur les rapports qui existent entre ces météores et les comètes périodiques[1]. Aidé par M. Celoria, M. Schiaparelli a pu accomplir d’utiles travaux d’observation, surtout depuis que son outillage s’est augmenté d’un équatorial de Merz, dont les qualités optiques ne laissent rien à désirer. Les Éphémérides de Milan, qui en 1875 comptaient un siècle d’existence, ont cessé de paraître à partir de cette époque; on a pensé avec raison que ce recueil avait perdu son utilité à côté du Nautical Almanac des Anglais et de notre Connaissance des temps, qui sont dans toutes les mains et qui répondent suffisamment aux besoins des astronomes et des navigateurs.

L’étonnante précision avec laquelle nous pouvons aujourd’hui calculer, longtemps d’avance, les positions du soleil, de la lune et des principales planètes, pour la plus grande commodité des observateurs, n’est pas due seulement à la perfection que les théories de la mécanique céleste ont acquise entre les mains de quelques grands géomètres. Elle eût été impossible sans les efforts persévérans de ceux qui, par la détermination rigoureuse des lieux des étoiles fixes, ont fourni des repères auxquels on peut rapporter en toute sûreté la marche des astres errans. La formation d’un bon catalogue d’étoiles est donc une des tâches les plus méritoires que puisse se proposer un astronome, — méritoire autant par l’utilité du résultat que par le labeur qu’elle exige. Or l’une des premières entreprises de ce genre a été menée à bonne fin par un astronome italien dont la science n’oubliera jamais le nom, par Joseph Piazzi. Au moment où parut son premier catalogue, qui comprend près de sept mille étoiles, les observations plus anciennes de Bradley n’avaient guère encore été utilisées, et les catalogues qu’on possédait déjà étaient fort défectueux; son travail n’a pas peu contribué à poser les fondemens de l’astronomie moderne.

Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, Piazzi avait fait ses études chez les révérends pères du collège de Brera, puis chez les théatins, où il fit sa profession en 1765. On ne le voyait pas d’abord d’un œil favorable se livrer à l’étude des mathématiques, et il fut chargé d’enseigner la philosophie dans plusieurs séminaires, puis envoyé comme prédicateur à Crémone; mais il finit par être rendu à sa véritable vocation,

  1. Voyez la Revue du 1er septembre 1867.