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d’une tour carrée, dominant de 40 pieds la masse régulière du palais Brera ; cette tour avait pour base quatre chambres voûtées, flanquées vers l’est de deux cabinets également voûtés, et surmontées d’une salle octogone et de quatre tourelles à toits tournans, qui abritaient les principaux instrumens, assez remarquables pour l’époque. Boscovich eut pour successeur le P. Lagrange, dont les collaborateurs se nommaient Reggio, De Cesaris, Oriani ; c’est aux travaux de ces trois astronomes que l’observatoire de Milan a dû sa célébrité. Pendant que Reggio commençait les observations sur lesquelles est fondé son catalogue d’étoiles, Angelo de Cesaris entreprit la publication des fameuses Ephémérides de Milan, qui, en dehors des données courantes à l’usage des astronomes, contiennent, comme notre Connaissance des temps, un grand nombre de mémoires sur des questions de pratique ou de théorie. Oriani, qui fut à la tête de l’observatoire depuis 1804 jusqu’en 1832, a publié des recherches sur le mouvement d’Uranus, sur les petites planètes nouvellement découvertes entre Mars et Jupiter, sur l’obliquité de l’écliptique, sur la réfraction, et, en dehors des travaux ordinaires de l’observatoire, il a pris une part active aux opérations géodésiques relatives à la triangulation de la Lombardie. Sa renommée avait de bonne heure dépassé les frontières de l’Italie, et en 1796, après l’entrée de Bonaparte à Milan, il put, grâce à l’estime que lui témoignait le général républicain, protéger les professeurs du collège de Brera, menacés d’expulsion pour refus de serment, et empêcher la suppression des universités de Pavie et de Bologne. C’est lui encore qui attira à Milan l’astronome Cagnoli, dont l’observatoire particulier de Vérone venait d’être détruit pendant le siège de cette ville, et lui fournit les moyens d’achever son catalogue de 500 étoiles. Oriani resta toujours en grande faveur auprès de Napoléon Ier, qui le nomma comte, sénateur du royaume d’Italie, et lui offrit finalement l’évêché de Vigevano, lequel rapportait 42,000 livres de rente ; mais Oriani refusa cet excès d’honneur et se contenta d’accepter une pension de 8,000 livres sur les revenus dudit évêché. À sa mort, il laissa la plus grande partie de sa fortune à l’observatoire de Brera et 50,000 francs à l’astronome Plana pour l’aider à poursuivre tranquillement ses travaux d’analyse.

Carlini, le successeur d’Oriani, était lui-même déjà célèbre lorsqu’il fut chargé de la direction de l’observatoire auquel il était attaché depuis plus de trente ans. Il avait refait les tables du soleil de Delambre, et entreprit, avec Plana, un travail de longue haleine sur la théorie de la lune, qui fut couronné par l’Académie des sciences de Paris, en même temps qu’un mémoire de Damoiseau sur le même sujet. Complété ensuite par Plana seul, ce travail a été publié en 1832, en trois gros volumes in-4o. Le règne de Carlini fut inauguré par l’installation d’un nouveau cercle méridien ; pour l’établir, on fit choix de l’ancienne tour