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Revue des progrès de l’astronomie pratique[1]. M. Rayet, qui s’est fait connaître par d’importans travaux d’analyse spectrale exécutés tant à l’Observatoire de Paris que dans les diverses missions dont il a été chargé, a pu visiter lui-même la plupart des observatoires d’Italie et puiser dans leurs archives des renseignemens authentiques ; son livre est rempli de détails curieux et qui pourront intéresser d’autres lecteurs que les astronomes de profession.

Parmi les observatoires que possède ou qu’a possédés l’Italie, le premier en date est celui de Bologne, fondé en 1723 par l’université de cette ville, à l’aide de donations que l’on devait à la générosité du comte Marsigli. La salle d’observation (qui existe encore avec son aspect ancien) était située sur une tour: c’était une chambre de forme carrée, ouverte sur les quatre points cardinaux par de larges fenêtres qui donnaient accès sur quatre balcons triangulaires formés par les angles de la tour, dont les pans regardent au nord-ouest, au nord-est, au sud-est et au sud-ouest ; en outre, le toit était percé d’une ouverture circulaire. C’est là que Manfredi entreprit les recherches de diverse nature qu’il continua jusqu’en 1739, année de sa mort. En même temps, il publiait les célèbres Éphémérides de Bologne, qui donnaient les lieux du soleil et des planètes, avec beaucoup d’autres indications utiles aux astronomes ; il était aidé dans ses laborieux calculs par ses deux sœurs, devancières de Mme Lepaute, de Caroline Herschel et de Mme Villarceau. Manfredi eut pour successeur son élève et ami Zanotti, qui paraît avoir avoir été l’un des astronomes les plus habiles de son époque. L’observatoire ne tarda pas à s’enrichir d’instrumens nouveaux, et Zanotti, tout en continuant les Éphémérides, put bientôt publier un catalogue de 447 étoiles. Après sa mort, survenue en 1782, des changemens rapides de direction et quelques interrègnes forcés désorganisèrent l’observatoire de Bologne. C’est vers 1851 seulement que l’installation d’un cercle méridien d’Ertel permit à M. Respighi de faire une série de bonnes observations ; mais cet astronome quitta Bologne quelques années plus tard, et ses successeurs n’ont su tirer aucun parti des instrumens. « L’observatoire de Bologne, dit M. Rayet, n’est plus qu’une sorte de musée où la poussière et la rouille rongent quelques appareils historiques. »

Cinq autres observatoires ont été fondés en Italie au siècle dernier : celui de Milan (1760), qui a été illustré par Boscovich, Oriani, Carlini ; celui de Padoue (1767), qui compte parmi ses astronomes Toaldo et Santini ; celui de Florence (1774), où ont travaillé Amici et Donati ; celui du Collège romain (1787), qui a eu pour directeurs De Vico et le P. Secchi ; enfin celui de Palerme (1789), auquel les travaux de Piazzi ont valu une grande célébrité. De 1812 à 1825, on a encore vu s’élever

  1. Voyez la Revue du 15 novembre 1874 et du 15 janvier 1878.