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son intéressante collection par quelques plans du XVe siècle, qui offrent un contraste immédiat. L’examen rapide de ces plans nous donnera la confirmation précise de ce qu’a montré par le détail le livre de M. Müntz, et des diverses phases que nous venons de signaler.


III.

La série de ces plans est, avons-nous dit, comme un panorama de l’histoire monumentale de Rome, comme un livre où l’on peut étudier sa longue période de décadence et d’abandon, puis son relèvement et le nouveau prestige de ses anciens souvenirs. Les plans du XIVe siècle témoignaient encore d’un oubli presque entier des traditions classiques ; Rome elle-même était figurée sur l’un d’eux en vêtemens de deuil, avec l’apparence de la décrépitude, et gémissant sur sa misère et ses ruines. Mais, dès le commencement du XVe siècle, une école d’humanistes et d’érudits a repris l’étude des textes pour y retrouver les titres authentiques ; ils ont recueilli les inscriptions, appelé à leur aide le calcul et le dessin. Les efforts d’un Brunellesco, d’un Donatello, d’autres encore, pour fixer par des mesures certaines un inventaire authentique, furent couronnés par les travaux de Jean-Baptiste Alberti, le célèbre architecte florentin, ami de Laurent de Médicis. Employé par Nicolas V à de nombreux travaux, il continua son action dans Rome par ses élèves. Vasari raconte que, pendant l’année même de l’invention de l’imprimerie, Jean-Baptiste Alberti inventait un merveilleux instrument permettant d’agrandir ou de diminuer les dessins de perspective. Il s’agit simplement peut-être de ce qu’on appelle les carreaux ; mais, en tout cas, il est sûr qu’Alberti imprima un nouvel essor au dessin technique, à la reproduction à la fois géométrique et pittoresque des monumens, et que son procédé, avec son actif exemple, encouragea des études auxquelles la cause des édifices antiques était fort intéressée. Aussi est-ce une conjecture très vraisemblable de M. de Rossi que d’incliner à reconnaître, dans certains plans de Rome de la seconde moitié du XVe siècle, l’influence non-seulement des artistes et des érudits qui avaient inauguré une étude nouvelle, mais en particulier d’Alberti et de son école.

Ces remarques s’appliquent aux trois derniers plans de l’atlas de M. de Rossi. L’un d’eux, exécuté à la plume en 1474 d’après un original perdu, se trouve dans un manuscrit de la Laurentienne. Sans tenir compte des habitations privées, il figure les monumens, païens ou chrétiens, et ajoute à côté des noms contemporains et